Sonnerie Il est 11h 30. Le médecin chargé de recevoir les appels des citoyens au niveau de la salle de régulation du Samu16 de Mustapha vient de recevoir le premier appel d?urgence. La mission consiste à transporter une cancéreuse du Centre Pierre et Marie-Curie (Cpmc) ? où elle est hospitalisée ? à un cabinet d?analyses situé à Kouba. Aussi, cette grande malade, qui présente une hémorragie, doit subir une «embolisation» pour arrêter le saignement. Une fois informée, l?équipe chargée de cette mission, composée d?un ambulancier, d?un technicien et d?un médecin urgentiste, rejoint vite l?ambulance. Direction : la salle de réanimation du Cpmc. La mission paraît d?emblée des plus faciles. Mais dès les premières minutes, les complications se succèdent. Une fois sur les lieux, l?ambulancier, l?air embarrassé, rappelle au médecin le mauvais état du brancard. «J?espère que la patiente ne demandera pas à être en position assise», lance l?ambulancier au médecin en tentant difficilement de manipuler les poignées de ce brancard. Le médecin, qui veut être fixé sur l?état de la patiente, prend les devants. «Comme mon matériel médical est défectueux, je dois savoir à l?avance ce dont a besoin la patiente pour parer, le mieux possible, au manque», explique ce médecin en grimpant rapidement les escaliers. A la salle de réanimation, le médecin est soulagé de savoir que la malade est consciente. «Vous êtes pourtant censés avoir une salle de réanimation ambulante au niveau de votre ambulance !», lance un médecin réanimateur en direction du médecin urgentiste. Cette dernière a du mal à lui faire comprendre que ce n?est pas le cas, car le matériel et l?ambulance du Samu datent d?au moins une dizaine d?années. Ces reproches sont souvent faits à l?équipe du Samu sur le terrain par les citoyens. «Au lieu de nous faciliter notre travail en nous fournissant le matériel nécessaire, la tutelle nous met des bâtons dans les roues», se lamente le médecin du Samu. Il faut maintenant ramener le brancard. Des jeunes assis à l?entrée du Cpmc n?hésitent pas à donner un coup de main à l?équipe du Samu pour transporter le brancard au niveau des escaliers qui se trouvent juste à l?entrée. Au rez-de-chaussée, l?équipe doit s?armer de patience pour se procurer les clefs de l?ascenseur. «Le Samu est censé intervenir en un temps record, mais on a vraiment du mal avec tous ces problèmes», soutient l?ambulancier. Une fois assurée que la malade est bien installée, l?équipe prend la direction du cabinet médical. Alors que le brancard est censé procurer confort et sécurité à la malade, les secousses provoquées par l?état de la route sont ressenties violemment par cette dernière. «Le brancard est usé et il est difficile de le stabiliser», explique le technicien. Arrivé au cabinet médical, l?ambulancier est confronté au mépris de certains automobilistes. Ces derniers ne veulent rien savoir d?une quelconque urgence et l?obligent à chaque fois à leur céder le chemin au niveau de la petite ruelle où l?ambulance est stationnée. L?équipe du Samu rencontre un autre obstacle. Il faut déplacer la patiente au rez-de-chaussée et il n?y a pas d?ascenseur. Habituée à ce genre de situation, elle sollicite encore les jeunes qui n?hésitent pas à offrir leur aide. Le médecin du Samu ne se contente pas seulement d?assister le malade lors de son transport, elle est la première à entrer dans le bloc opératoire où se déroule «l?embolisation» afin d?apporter son soutien et son aide en cas de complications. «Au Samu, le personnel travaille avec son c?ur et sa conscience et se retrouve souvent embarqué dans des situations qu?il n?est même pas obligé d?affronter.» La mission terminée, notre équipe ramène la patiente à la salle de réanimation au Centre Pierre et Marie-Curie. Des remerciements et des prières leur sont formulés par la malade. 15h 30. L?équipe vient de terminer sa première mission. Il n?y aura pas de pause déjeuner, car une deuxième mission l?attend. Une femme a été victime d?une crise cardiaque dans un cabinet dentaire.