L'ambassade de Palestine est prise d'assaut par des dizaines de citoyens venus présenter leurs condoléances. Hier, le siège de l'ambassade de la Palestine à Alger, sis l'avenue Victor Hugo, était pris d'assaut. L'ambiance est morne. Les visages tristes et lugubres. Le décor est particulier. Sur la façade de l'ambassade, celle donnant sur l'avenue Victor Hugo, un immense et gigantesque portrait de Yasser Arafat est accroché. L'homme regarde la mosquée d'El Aksa, lieu qui matérialise tous les rêves des Palestiniens. A l'intérieur, les éléments de l'Union générale des étudiants palestiniens s'affairent, malgré la gravité de la situation, à mettre de l'ordre et à recevoir le nombre important de personnalités venues présenter leurs condoléances. La tristesse s'impose inconsciemment à tous les visiteurs. A un coin de la salle de réception, située au rez-de-chaussée, est dressé le portrait de Yasser Arafat en uniforme militaire. Une tenue qu'il a juré de ne quitter qu'après la libération de son pays ou tomber au champ d'honneur. Un petit sourire arbore son visage couvert d'une barbe grisonnante. Puis, sur sa tête son habituel keffieh dont il ne se sépare jamais. Au bas du portrait, on peut lire: «Le président de l'Etat palestinien, le commandant général des forces de la révolution palestinienne, Yasser Arafat» et un peu plus bas, une dizaine de bougies illumine cette figure emblématique de la cause palestinienne. Le tout entouré de bouquets de lilas, de camélias et de roses. «Nous avons perdu un père, un frère, un président, un commandant, un dirigeant. Il nous est difficile aujourd'hui de surmonter cette étape, ce tournant historique triste dans la lutte pour la libération de notre pays des forces de l'occupation israélienne. Mais je suis sûr qu'avec la force de la foi en Dieu, nous réussirons à dépasser cette phase», nous dira Djihad Al Gharam, représentant de l'Union générale des étudiants palestiniens à Alger (Ugep) qui nous a reçu dans son bureau décoré de portraits des dirigeants palestiniens assassinés, dont Abou Ali Moustapha, surnommé «le cavalier des martyrs», celui d'Abou El Abbas, assassiné en septembre dernier en Irak par les forces américaines. Un autre portrait, celui du chef spirituel de la cause palestinienne, Cheikh Yacine, assassiné lui aussi. Entre-temps, la cohorte des journalistes harcèle les éléments de Ugep, pour obtenir quelques bribes d'information. Le conseiller culturel de l'ambassade de Palestine à Alger, le Dr. Omar Kadri nous invite dans son bureau. «C'est avec un immense chagrin que nous avons appris le décès de notre président Abou Ammar. Depuis hier (jeudi ndlr) nous n'avons de cesse de recevoir des condoléances transmises soit par les officiels algériens soit par le corps diplomatique étranger présents en Algérie. On a reçu un nombre important de citoyens algériens qui sont venus exprimer leur compassion», a tenu à souligner M.Kadri, avant d'ajouter: «La dépouille mortelle arrive aujourd'hui (hier, vendredi NDLR) à l'aéroport d'El Aarich, sis aux frontières palestino-égyptienne. Elle sera transportée par la suite à Ramallah, à bord d'un hélicoptère.» Il est midi et les représentants des corps diplomatiques étrangers présents en Algérie ne cessent d'affluer. On note entre autres, les ambassadeurs du Maroc, de l'Italie, du Brésil, de Tunisie... Il y a aussi les présidents et secrétaires généraux de partis politiques qui sont venus présenter leurs condoléances, à l'instar de Louisa Hanoune du PT et de Djaballah d'El Islah. Aux environs de 13h30, le siège de l'ambassade est pris d'assaut par les dizaines de citoyens venus présenter, eux aussi, leurs condoléances. L'émotion est très forte. Beaucoup de citoyens n'ont pu retenir leurs larmes. L'on a assisté hier à un élan de solidarité, à la fois impressionnant et émouvant. Ainsi était l'ambiance hier au siège de l'ambassade de l'Etat palestinien à Alger. Abou Ammar est décédé. Jérusalem laisse échapper un sanglot qu'elle a du mal à contenir.