Vérité «La différence entre la paix et la guerre, c'est qu'en temps de paix, les enfants enterrent leurs parents, et qu'en temps de guerre, les parents enterrent leurs enfants», écrivait l'historien grec Tucidides. Photographies, vidéos, objets de toutes sortes et même jouets d'enfants constituent le décor de l?exposition qui se tient à Barcelone. L?intérêt de celle-ci vise à montrer l'impact de la guerre sur les individus et les communautés, ainsi qu?à révéler les conflits sous toutes leurs facettes. L?exposition intitulée : «En guerre», s?ouvre sur les jouets d'enfants, dont des jeux français d'avant la guerre de 1914-1918 ou des jeux espagnols d'après la guerre civile. «La guerre n'est pas seulement un phénomène militaire (...) elle s'intègre dans les institutions et les pratiques sociales. Ainsi, nous nous familiarisons avec elle dans notre culture et nos passe-temps, et de manière presque imperceptible nous l'intégrons à notre imaginaire collectif à travers les jeux, la mode, le cinéma ou la publicité», explique le catalogue de l'exposition. Des photographies de guerre y sont présentées aux visiteurs ; on y trouve les plus célèbres, du débarquement de Normandie ou de la guerre d'Espagne de Robert Capa à celles de Don McCullin au Vietnam. Mais aussi celles, moins connues, de Quang Tho côté vietnamien, d'Alfredo Jaar au Rwanda ou de Gervasio Sanchez, témoin de vies brisées par les mines aux quatre coins de la planète. Côté peinture, on retrouve les traits noirs et pessimistes d'Otto Dix, des ?uvres de George Grosz, Léon Golub, Marc Chagall, Fernand Léger, mais aussi celles de peintres moins connus, de soldats du front comme Kerr Eby ou Robert Smith, dont les toiles montrent le quotidien du soldat. A côté de ces tableaux, cohabitent ceux de peintres officiels au service d'une propagande destinée à glorifier le soldat, la lutte ou le sacrifice, comme P A. Krivonogov côté soviétique lors de l'avancée de l?armée russe vers Berlin ou Harvey Dunn, affichiste américain. «En guerre» propose également des vidéos et enregistrements qui montrent le mélange entre guerre et art avec Smothering dreams de Dan Reeves, un ancien GI, au montage particulier, ou un reportage édifiant du cinéaste indien Anand Patwardhan à propos des essais nucléaires de son pays. Inquiétante aussi, la diffusion simultanée sur deux écrans voisins d'images d'archives du débarquement de Normandie et des extraits du film Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg. Le musée diffuse aussi des images plus agréables comme les prestations filmées de Marlène Dietrich et Marilyn Monroe sur le front, jusqu'à celles de starlettes comme Marta Sanchez, chanteuse pop ibérique, sur un porte-avion espagnol pendant la guerre du Golfe. L'exposition démontre que la guerre est un fonds inépuisable, un constat qui se résume en une phrase du philosophe américain George Santayana : «Seuls les morts ont vu la fin de la guerre.» Elle est ouverte jusqu'au 26 septembre, au Centre de culture contemporaine de Barcelone (Cccb), sur quelque 2 400 m2.