Légende Dans la région de Oued Souf, on croit à l'existence d'une femme mystérieuse, une sorte de sirène qui attire à elle les voyageurs égarés... La caravane avance péniblement dans le sable : les bêtes et les hommes sont épuisés et chacun aspire au moment où l?on s'arrêtera enfin pour le bivouac. Chacun pense à l'odeur agréable du thé... ? On s'arrête ici ! C'est Mohamed, le doyen des chameliers, qui vient de parler. A cause de son âge, mais aussi de sa sagesse, il est, en quelque sorte, le chef de la petite troupe. Personne ne l'a désigné pour ce rôle, mais tout le monde est d'accord pour qu'il prenne les décisions. Il connaît bien le désert et il sait à quel moment il faut s'arrêter ou reprendre la route, ce qu'il faut faire aussi au cas où on s'égare- rait dans le désert. On s'arrête donc, comme Mohamed le demande. On décharge les chameaux des marchandises que l'on ramène et on les fait baraquer en leur liant les pattes. C'est une mesure de précaution que les gens du désert prennent toujours. Les bêtes non liées peuvent, en effet, s'enfuir dans la nuit. On craint aussi les «gens du désert» ? euphémisme pour parler des djinns, des génies ? qui, croit-on, sont partout, guettant les hommes et les bêtes, cherchant à s'emparer d'eux. ? Le désert est sûr, dit Mohamed, voilà longtemps qu'on n'a pas signalé de brigands, mais il faut quand même monter la garde. Tout à l'heure, nous désignerons les veilleurs et nous établirons les tours de garde. Tout à l'heure? Pour le moment, on va se restaurer, puis on va veiller en prenant le thé. Chacun sort ses provisions et les partage avec les autres, puis, comme la nuit est complètement tombée et qu'il commence à faire froid, on allume un feu. Le feu, ça sert à faire de la chaleur, mais aussi à se protéger des bêtes et des fantômes du désert ! On prépare le thé et bientôt, un fumet délicieux chatouille les narines des caravaniers. Chacun se sert une tasse et, en silence, savoure la boisson parfumée. Brusquement, Tahar, le plus jeune des hommes, sursaute. ? Vous avez entendu ? demande-t-il. ? Quoi ? disent ses compagnons. Tu as entendu quelque chose ? ? Vous voulez dire que vous n'avez rien entendu ? dit Tahar, intrigué. ? Non ! Dis-nous donc ce que tu as entendu ! Tahar, comme sous l'effet d'une drogue, ferme les yeux et soupire. ? Une voix... J'ai entendu comme une voix ! ? Une voix ? D'homme, de femme ? ? Une voix de femme ! De jeune femme ! Les hommes se regardent et se mettent à rire. ? Comment cela se fait-il que tu aies entendu cette voix et que nous nous ne l'ayons pas entendue ? Tu dois rêver les yeux ouverts ! On rit, on se moque de lui. C'est alors que la voix du vieux Mohamed s'élève, imposant le silence à tous. ? La fiancée des sables vient del'appeler ! (à suivre...)