Miki, en Algérie, c?est comme partout dans le monde, Mickey ou, pour être plus précis, Mickey Mouse, la petite souris de Walt Disney. Le personnage a d'abord été révélé à travers les bandes dessinées, puis le cinéma a répandu l'image de la sympathique souris. Par extension de sens, le mot Miki est venu à désigner les bandes dessinées puis les dessins animés : mikiyat, dit-on pour les cartoons, autrement dit «les Mickey». Le mot ne se rattache plus à un personnage précis, mais à tous les personnages : Picsou comme Tom et Jerry, Popeye comme Felix le Chat, et tous les ours, les chiens, les coyotes et les petits hommes bleus... D'un fan de dessins animés, on dit iheb mikiyat (il aime les Mickey) et d'un créateur de bandes dessinées, on dit irsam mikiyat (il dessine les Mickey). Par une autre extension (ou alors une distorsion) de sens, on donne le nom de Mickey à tout personnage, à toute situation burlesque ou surréaliste : wallahi, hadi Miki (par Dieu, c'est un Mickey, c'est-à-dire un rigolo), ddar Miki (c?est une maison de Mickey parce que le désordre y règne) ma twelich Miki (ne deviens pas Mickey), etc. Et, par dessus tout, il y a l?expression bled Miki (le pays de Mickey). Le pays de Mickey auquel on fait allusion n?est pas le Mickeyland des bandes dessinées ni même Disneyland, où tous les enfants du monde rêvent de se rendre, c'est le pays du désordre et de l'anarchie, des gens malhonnêtes qui ne pensent qu'à tromper leur prochain ou à se moquer d'eux... une caricature, quoi ! Les Algériens, quand ils sont fâchés ou ont des problèmes, notamment avec l?administration, ont tendance à traiter leur pays de bled Miki, mais ils ne doivent pas le penser réellement : les bleds Mickey, comme les royaumes d'Ubu, ne peuvent exister que dans les imaginations... ou les cauchemars !