Ça devait arriver alors que tout le monde pensait que c'était déjà arrivé : Walt Disney s'installe officiellement en Algérie et ça ne fait plus rire personne. Si l'humour local avait déjà qualifié depuis longtemps son pays de « bled Mickey », c'est-à-dire un pays dessiné en 24 images par seconde où le burlesque le dispute au comique, l'arrivée de Mickey (le vrai) dans le pays de Mickey (le faux) pose un problème, celui pour un héros fictif de se retrouver dans un pays faussement réel où il était déjà sans y être. A ce titre, on peut craindre pour le personnage emblématique de Walt Disney des troubles d'ordre psychiatrique et c'est peut-être pour cette raison qu'il a préféré se faire emballer par Tonic qui, lui, a le sens des réalités du pays. Mickey était déjà là dans l'inconscient national, à diriger le pays par l'absurde, à pondre des lois stupides, à faire rire la communauté internationale et à inventer des farces qui défient les lois de la gravité et du bon sens, comme dans tout dessin animé. Mais l'Algérie est-elle réellement un dessin animé ? Cette approximation possède sa limite, car les dirigeants savent très bien ce qu'ils font. A ce titre, l'Algérie est plus proche d'un film d'horreur ou d'un western que d'un dessin animé pour enfants où la morale est toujours sauve à la fin. De ce point de vue, l'Algérie ressemble plus au pays de Dracula suceur de subventions et d'honnêtes gens, à celui de Tarzan, le roi de la jungle et des banlieues agricoles ou à celui de Rissala, où le barbu en sabre gagne à tous les coups. Mickey sait-il faire tout ça ? Non. Mickey n'est là que pour vendre ses produits et s'il a déjà une longueur d'avance dans les consciences, il risque de buter sur un problème pratique : Mickey est déjà en vente libre dans les administrations, les ministères et les banques publiques. Doit-on payer pour en avoir un peu plus ?