Raisons En l?absence des traditionnels acteurs politiques de l?institution, la séculaire confrontation sur le sujet risque de passer inaperçue. L?opinion publique sait maintenant le contenu exact des fameux amendements que les pouvoirs publics entendent introduire prochainement dans le très controversé Code de la famille qui régit les relations matrimoniales et familiales en Algérie depuis 1984. C?est que la commission nationale, qui se penchait depuis son installation en octobre dernier sur ce texte, vient d?achever la première phase de son travail. En principe, ce rapport préliminaire finalisé par les 52 membres de cette commission présidée par Mohamed Zeghloul Bourtane, le président de la Cour suprême, sera remis, avant le 15 de ce mois, au ministre de la Justice, Tayeb Belaïz. Le document sera ensuite façonné en avant-projet de loi qui sera présenté et soumis à l?appréciation et au débat au sein du gouvernement et au Parlement avec ses deux Chambres : l?APN et le Sénat avant adoption définitive. Mais d?ores et déjà, les observateurs et commentateurs de la scène nationale restent dubitatifs, sinon interrogatifs, devant la précipitation avec laquelle on essaie de faire passer ce texte et l?ambiguïté, sinon les contradictions, qui caractérisent le contenu des amendements proposés. Ils se demandent surtout si la bataille de l?APN aura lieu ou si le futur texte de loi, au cas où vidé de sa substance, passerait comme une lettre à la poste dans une institution déjà très soumise à la volonté de l?Exécutif. C?est que le rapport de force politique au sein de l?hémicycle de Zighoud-Youcef n?est plus dominé depuis quelque temps par le fameux et apparent duel sur la question entre le camp dit des modernistes et démocrates, chantres de l?abrogation pure et simple du Code de la famille dans son ensemble, et celui dit des islamistes et conservateurs, partisans du maintien en l?état de ce code, car obéissant, du moins selon eux dans son esprit et dans sa lettre, aux préceptes de la charia. Le dernier feuilleton du FLN a donné une idée sur le degré d?obéissance de ces élus du peuple à la volonté de l?Exécutif et a montré comment et pourquoi la Chambre basse du Parlement n?est plus perçue par nombre d?analystes des affaires algériennes que comme une simple caisse de résonance pour les options politiques venant du sommet de l?Etat. Dans ces conditions, et pour toutes ces raisons, les futurs amendements au Code de la famille risquent de subir également le scénario vécu par le dossier des boissons alcoolisées voté à la faveur de la loi de finances 2004, mais tout de suite abrogé dans la foulée de l?élection présidentielle. En fait, au-delà de leur juridisme de bon aloi, les nouveaux correctifs apportés au Code de la famille sont aussi l?expression manifeste d?un équilibrisme politique pour ne pas dire politicien dans lequel les paramètres sociologiques de la question sont mineurs, voire secondaires. Le droit des femmes étant devenu une mode conseillée pour toutes les sociétés arabes et un des critères de leur progrès sur la voie de la démocratie et de l?Etat de droit, l?Algérie ne pouvait pas se permettre de faire exception. Voilà pourquoi même si un semblant de confrontation a lieu à l?APN à propos de ce Code de la famille nouvelle version, elle risque de ne pas susciter un vrai débat de fond, voire passer inaperçue.