Jusqu'à présent, personne ne sait exactement quelle sera la réaction des citoyens à l'égard de ce rendez-vous qui se déroule dans un contexte particulier. L'échéance des élections législatives du 17 mai approche et les partis inscrits dans la course affûtent leurs armes en prévision de ce rendez-vous qui s'annonce pour les uns, comme une confirmation d'un retour en force sur la scène politique alors que pour les autres, il est question du test de vérité des urnes. Une animation singulière s'est emparée des états-majors des partis politiques où la bataille fait rage pour la confection des listes des candidats pour la députation. Tous les profils, de tout âge, jouissant de leurs droits s'y sont mis de la partie. Du ministre de la République au notable de la ville en passant par l'universitaire, le médecin et même le chômeur, se découvrent des talents de personnalité politique. La députation est un métier qui rapporte. Les listes, dites indépendantes, poussent comme des champignons et l'option participationniste est partagée par tous les courants politiques existants sur la carte politique d'Algérie. Et comme toute règle a son exception, le FFS ne semble pas encore ébloui par les lumières de l'hémicycle du boulevard Zighoud, Youcef. Fidèle à sa ligne politique, le parti de Hocine Aït Ahmed brandit la carte du boycott pour faire rappeler à tous ses revendications de changement du système de pouvoir, d'abord et de passer aux joutes électorales, ensuite. Le FFS a choisi la périlleuse option de l'isolement d'autant plus que ses capacités de mobilisation ont diminué par la force des crises internes qui n'ont pas cessé de déstabiliser ses instances. Une option qui ne semble pas déranger outre mesure les autres forces politiques dont certaines entendent profiter de cet effacement pour se disputer les sièges de la région centre du pays où le FFS est implanté. Le FLN est le mieux placé pour profiter de la conjoncture politique qui s'offre. Face à ce décor officiel planté par les animateurs politiques qui n'ont d'yeux que pour les fameuses listes, un acteur central des prochaines joutes est relégué au second plan, pour ne pas dire oublié. Il s'agit des citoyens qui suivent, médusés, les péripéties des tractations et des préparatifs qui se déroulent pour les inviter à prendre part, le jour J, à la fête électorale. Mais jusqu'à présent, personne ne sait exactement quelle sera la réaction des citoyens à l'égard de ce rendez-vous important qui se déroule, cette année, dans un contexte particulier. Les scandales financiers qui ont éclaté ont désarçonné le simple citoyen qui a perdu confiance en les institutions de l'Etat et des hommes qui sont chargés de le servir. L'affaire Khalifa n'est pas la seule à dévoiler l'apathie politico-économique qui frappe le pays et qui risque d'avoir des répercussions directes sur le taux de participation des électeurs. Sans fraude et sans manipulation des chiffres, l'enjeu des élections prochaines risque de perdre de sa crédibilité. L'Algérie n'a pas de traditions dans la pratique des sondages préélection, sinon on aurait prévu, en partie, le comportement des citoyens algériens. Ce qui laisse un grand point d'interrogation au sujet de l'adhésion de la population au jeu des urnes. L'ouverture «spontanée» de la télévision aux figures ignorées de la vie politique du pays et aux débats d'idées qui ont été bannis des média lourds qui n'assurent même pas le service public, est une tentative des décideurs du pays qui tend à prévenir toute mauvaise surprise le 17 mai prochain. Mais là encore, il n'est pas dit que l'Algérien de 2007, qui est différent du citoyen des années 90, ne réponde à l'appel des sirènes des partis politiques. C'est là toute la problématique des prochaines élections qui se déroulent dans un pays où les citoyens sont envahis par le doute, se méfiant de plus en plus de la chose politique. Une bonne partie des Algériens, comme l'a laissé entendre un citoyen interviewé par l'Entv, lors de l'émission hebdomadaire réservée au face-à-face presse-responsables de partis politiques «ne croit qu'au président de la République». Un message que les concernés ont sûrement décodé. Et si les Algériens venaient à bouder ces élections pour montrer qu'il y a un large fossé entre les élus et le peuple?