Alerte C?est à se demander si l?université algérienne a existé et a fonctionné un jour. Le ministre a dressé un tableau plus qu?alarmant. Les étudiants algériens sont sous-encadrés. Tel est le constat «alarmant» établi, hier, par le ministre de l?Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, lors de l?inauguration des deux journées d?étude sur l?encadrement universitaire, organisées à l?Ecole nationale d?administration. En effet, sur les 38 villes universitaires du pays, on compte 3 442 professeurs et maîtres assistants de conférences qui encadrent près de 647 371 étudiants. Le ratio national est alors d?un professeur pour 28 étudiants, loin de la norme mondiale estimée à un enseignant pour 15 étudiants. «Il faut doubler le nombre d?enseignants pour faire face à un million d?étudiants attendus à l?horizon 2008», a-il préconisé. Selon le ministre, ce sont les filières des sciences humaines qui enregistrent des insuffisances graves en matière d?encadrement. Les sciences juridiques, administratives et politiques comptent 1 146 enseignants pour 96 334 étudiants, soit un enseignant pour 83 étudiants. Les sciences économiques suivent avec un enseignant pour 83 étudiants, les langues étrangères (1/51), les sciences sociales et la littérature (1/36). Les filières de la pharmacie, interprétariat, sciences commerciales souffrent des mêmes lacunes. En revanche, les filières scientifiques jouissent d?un meilleur encadrement, notamment les sciences exactes, un enseignant pour trois étudiants, les technologies (1/17) et les sciences de la nature et de la vie (1/36). «L?université d?Alger, la plus ancienne à l?échelle nationale, ne compte pas un professeur de français pour assurer les cours magistraux. Ce n?est pas logique ! On dénombre un seul maître de conférence !», a martelé le ministre, en précisant que sur les 23 205 enseignants universitaires que compte le secteur actuellement, 15 % seulement sont de rang magistral (professeurs et maîtres assistants) pour encadrer 700 000 étudiants. Le ratio national est alors d?un enseignant pour 188 étudiants. Pourtant, la moyenne internationale est de 1 enseignant pour 70 étudiants. Ainsi, le déficit en professeurs et en maîtres de conférences s?élève à 5 800. Le ministre a évoqué également le problème de la faiblesse du rendement de la formation postgraduée qui bloque la reproduction de l?encadrement universitaire. Une situation alarmante, si des mesures adéquates ne sont pas prises en urgence. Dans ce sens, M. Harraoubia a expliqué que pour faire face à ce déficit, il faudra doubler le nombre des enseignants à 24 400 pour atteindre une moyenne d?un enseignant pour 28 étudiants. Pour s?aligner sur la norme internationale, soit un enseignant pour 15 étudiants, le recrutement de 43 300 enseignants s?impose. «Nous utiliserons tous les moyens pour doubler le nombre d?enseignants en 2008. Nous n?autoriserons en aucun cas un quelconque laxisme en matière de recrutement.» Il faudra aussi promouvoir la recherche, la formation et un enseignement de qualité, par la création d?écoles doctorales dans les disciplines déficitaires.