«Le citoyen sort de son mutisme.» Concernant les poursuites judiciaires entreprises par les citoyens contre les représentants du service de l?ordre pour les délits d?agression et des abus d?autorité, les avocats, que nous avons rencontrés au tribunal d?Alger, pensent que ces actes ont pris de l?ampleur sur le territoire national, et ce, pour diverses raisons. Selon un avocat qui a eu déjà l?occasion de traiter ces affaires, «le délit d?abus d?autorité existait chez nous depuis la nuit des temps ; reste que cette infraction est devenue fréquente durant la dernière décennie, c?est-à-dire depuis la naissance du terrorisme. A vrai dire, certains policiers et gendarmes ont dépassé largement les prérogatives de leurs fonctions, vu leur manquement à la discipline et leur comportement vis-à-vis du citoyen et de la loi». De 1992 jusqu?à 1998, les citoyens agressés par les agents de l?ordre étaient réticents à déposer des plaintes au niveau des commissariats de police ou bien auprès des postes de la Gendarmerie nationale, et ce, en raison des répercussions que peuvent engendrer de telles doléances. Ils vivaient le cauchemar au quotidien ; la période sanglante qu?a vécue notre pays justifie-t-elle les actes commis par certains gendarmes et policiers ? Cependant, la population algérienne, excédée, est sortie de son mutisme allant porter ces infractions devant les tribunaux, et ce, dans la mesure où la loi interdit formellement tout délit grave vis-à-vis de la société. Concernant le suivi de ces affaires, un avocat spécialiste en la matière estime : «Les policiers et les gendarmes ne sont plus couverts ; la justice a toujours accompli son travail, et pour cela vous pouvez demander à chaque citoyen ayant été victime d?un abus d?autorité de la part de certains agents de l?ordre, il vous rétorquera qu?il a souvent obtenu gain de cause. D?ailleurs, je suis en train de traiter une affaire de ce genre. Mon client a été frappé par un policier lors d?une opération de recherche déclenchée par les services de sécurité ; il a vite déposé une plainte au niveau du commissariat de police et nous poursuivons actuellement le mis en cause en justice.»