Survie Divers petits métiers, tout aussi vivriers qu?utiles ou simplement d?expression artistique, sont menacés de toutes parts par un modernisme ambiant. Défendus aujourd?hui par une population de plus en plus vieillissante et rare, derniers dépositaires d?un art plus que séculaire, ces métiers ne sont plus perpétués que dans de rares occasions et à des endroits souvent connus que par l?entourage immédiat de ces «gardiens du patrimoine» ou par de rares utilisateurs d?articles d?artisanat encore façonnés dans la pure tradition. Où sont-ils aujourd?hui et combien sont-ils encore les guetrani (confectionneur à l?aide de peaux de chèvres des guerba et chekwa pour la conservation de l?eau fraîche et du lait), serradj (confectionneurs de selles à chevaux et harnachement), sebkha (teinturier), debagh (tanneur), terrah (matelassier), heddad (forgeron), melakh (confectionneur de chaussures et sandales), khaouass (vannier) et autres puisatiers et artisans d?antan, pour ne citer que ceux-là, dont les bruyantes échoppes ont longtemps constitué les palpitations de la société ? Même la Chambre d?artisanat et des métiers de Ouargla peine à les identifier et à les recenser, d?une part parce qu?ils sont de plus en plus rares, voire ont disparu dans cette wilaya pour certains métiers, tels que le guetrani et le melakh, d?autre part parce que ces artisans se font discrets et, généralement, du fait de leur illettrisme, ne se bousculent pas pour aller s?immatriculer à la Chambre de l?artisanat et des métiers et s?y structurer. Ces activités artisanales constituaient, autrefois, l?essentiel de l?économie de la société, dont la vocation agropastorale d?alors et les besoins sociaux déterminaient les spécialisations. Les artisans confectionnaient et réparaient eux-mêmes, de façon très rudimentaire mais en mettant beaucoup de c?ur à l?ouvrage, tout ce dont la société avait besoin pour le travail (faux, serpes, faucilles), le confort (matelas de laine, chaussures, burnous, articles de vannerie et ustensiles de bois), les moyens de locomotion et de travail (selles et harnais), et autres produits, dans un cadre d?autosuffisance, facilitée, il est vrai, par une demande naguère sans complexités. Autres temps, autres m?urs, les habitudes ont irréversiblement changé, les besoins ont évolué, la demande s?est nettement accrue, le modernisme et ses conforts se sont installés en maîtres des lieux, qu?ils soient urbains ou ruraux, et les produits manufacturés et autres articles «Taiwan» (appellation désignant les produits contrefaits) ont envahi les souks jusqu?à les submerger. En répondant, aujourd?hui, à une logique d?autant plus économique qu?artistique, l?artisanat se démarque de ce qui est ancien, fût-il beau et du terroir, au profit de ce qui est avant tout lucratif. Heureusement que certains de ces «petits métiers» à la réputation bien établie aux échelles nationale et internationale, parviennent à faire front à la «menace» du modernisme et continuent d?attirer des adeptes de la tapisserie, de la broderie traditionnelle, de la confection des burnous et autres capes et kachabia, ainsi que de la bijouterie traditionnelle. Des métiers pour le moment en sursis, encore pratiqués par de nombreuses mains d?artisans, mais jusqu?à quand ?