Théoriquement, les activités commerciales sont juridiquement codifiées et encadrées par des textes de loi d?une limpidité sans faille. Les textes et règlements définissant la profession de commerçant ne se comptent plus. Il y a même un Code du commerce que les affiliés à la corporation sont tenus de suivre et de respecter sous peine de sanctions, de PV et de fermeture pure et simple du magasin ou du lieu d?activité. Dans la réalité quotidienne des consommateurs algériens, la pratique commerciale semble obéir, depuis quelques années déjà, à toute une autre série de critères et de réflexes qui sont plus proches de l?arnaque que de l?exercice honnête du commerce. Le trabendo, cette vente sauvage sur les trottoirs des rues et ruelles des grandes villes du pays au vu et au su de tous, sans limites, ni règles, et les mutations structurelles et dans les mentalités induites par le passage sauvage et accéléré d?une économie dite administrée et planifiée à une économie dite de marché, ont conduit à l?instauration, dans la sphère commerciale du pays, d?un véritable bazar à ciel ouvert. Jungle dans les prix et les tarifs, hygiène et qualité des produits sous un minimum de surveillance, contrôle sans conviction ni efficacité des pratiques commerciales et hors jeu presque délibéré des pouvoirs publics sont devenus, au nom de l?économie de marché et de la très invoquée loi de l?offre et de la demande, le lot quotidien du consommateur algérien. Pourtant, dans le temps, il existait, dans ce pays, un commerce florissant, honnête et se soumettant aux règlements en la matière. C?est dire que chaque génération a les commerçants qu?elle mérite.