Ecole C'est en prison que Mohamed a repris conscience. Dans sa cellule où il a purgé une peine de cinq ans, il a compris que la vie, c?est ce que l?on fait. C?est une grande leçon qu?il nous donne aujourd?hui. C?est entre les quatre murs de sa cellule que Mohamed, 34 ans, détenu à l?établissement de rééducation d?El-Harrach depuis 2000, a décidé de repasser les examens du baccalauréat. C?était un vrai challenge pour lui. D?ailleurs, à l?annonce des résultats, il jubilait : alors qu?il a échoué en 1991, cette année il réussit avec une moyenne de 12,73. Mention : assez bien. «C?est le plus beau cadeau que je puisse offrir à ma mère», confie-t-il ému. Issu d'une famille modeste qui compte six universitaires, Mohamed gérait une entreprise de transport avant son incarcération. La prison, avoue-t-il, l?a énormément changé, même sa vision de la vie a complètement été basculé. «La prison n'est pas forcément un abri pour les malfaiteurs. J?y ai rencontré de braves et gentilles personnes que le sort a jetées en prison», murmure-t-il. «Pour moi, c?est la mauvaise fréquentation qui m?a joué un tour et m?a valu une condamnation à 5 ans de prison.» Aujourd?hui, c?est une double joie pour lui, il sortira de prison dans cinq mois et de surcroît le bac en poche. Sa vie n?est plus celle d?il y a quatre ans. «Les conditions de détention se sont améliorées. Désormais, il est possible de lire des journaux à l'intérieur de la prison. Tout un système de formation et d?apprentissage y a été introduit. Les livres sont disponibles. Nous disposons d?une bonne literie et même de l'élément humain et administratif qui convient.» Il se rappelle sa condamnation quand le jeune optimiste qu?il a été a vite été dévasté par le désespoir et l?amertume. «C?était la fin pour moi. C?est en prison que l?idée de reprendre les études m?a taraudé. Les conditions de préparation m?ont simulé. La bibliothèque dispose des manuels scolaires nécessaires. Les encadreurs sont là pour nous aider et puis le climat de préparation est particulier. Les candidats détenus révisaient les leçons ensemble. C?était une atmosphère de solidarité que je n?ai pas vécue même au lycée.» Mohamed a décidé de reprendre sa vie en main. Ainsi, il a déjà opté pour sa spécialité : les sciences politiques et les relations internationales ou les sciences de l'information et de la communication. «Je n?abandonnerai jamais mes études. Apprendre à gérer l'entreprise de transport est ma priorité», déclare-t-il un sourire fier aux lèvres.