L'été est appelé ss'if en arabe et anebdu en berbère, mais la plupart des dialectes berbères emploient également le mot ss'if : on emploie aussi, pour parler de l'été, le mot 'ut'la, au propre «vacances» ainsi que le français «vacances», prononcé dans les campagnes fakans. C'est que la période la plus chaude de l'année est associée aux vacances ou, plus précisément, aux grandes vacances scolaires. Rien de plus naturel puisque durant l'été les établissements scolaires vaquent ! (pour rappel vacances provient du verbe vaquer). L'été, c'est avant tout la chaleur, skhana, et la chaleur, selon le degré affiché par le baromètre, est soit h'lewa, douce, on dit alors ss'if h'lu, soit h'erra, brûlante, on dit ss'if h'arr, été brûlant. On use aussi, pour les fortes chaleurs, du mot nnar, dans cha'âlet nnar, «le feu est allumé». Le feu auquel on pense le plus souvent est celui de l'enfer que, d'ailleurs, on n'hésite pas à nommer par son nom propre : djahennema. Dans la tradition algérienne, on divise l'été en trois grandes périodes : la période moyennement chaude qui correspond aux débuts de la saison, la période excessivement chaude qui est le milieu de l'été, et la période relativement chaude qui coïncide avec sa fin. Ces périodes devaient avoir des noms, mais ils sont aujourd'hui oubliés à l'exception de la seconde, appelée ssmayem ou, en emphatisant le s, ss'mayen. Le mot semble un pluriel de ssem «poison», à cause justement de cette chaleur infernale qui, comme le poison, s'infiltre dans le corps des personnes et des bêtes et les paralyse. Le «poison» est parfois mortel (des dizaines de personnes succombent réellement à la chaleur) mais dans la plupart des cas, il se contente d'indisposer et de gêner les activités. L'antidote de ssmayem, c'est l'ombre protectrice des maisons, mais c'est aussi la plage ou la rivière où on fait trempette. ..