Dans ce port de nulle part aux reliefs sauvages, escarpés et à la terre rêche, la chèvre constitue la principale ressource des familles et des éleveurs. Elle est partout, sur la crête des collines, sur les flancs des montagnes et même chez les bouchers. A un moment donné, elle faisait même partie de la dot de la mariée. Prédatrice ou non, les habitants lui vouent le respect dû aux signes extérieurs de richesse. Et ce n?est pas rien. Même le taureau, dans ce désert marin, a ses fans. Mais pas n?importe quel taureau. Celui qu?on sacrifie, une fois l?an, pendant la waâda de Sidi Moussa. Païenne ou superstitieuse, cette pratique que les Kristellis érigent depuis des générations est censée apaiser les mauvais esprits et appeler l?abondance, l?opulence et la fertilité. Pour l'anecdote, ce taureau harnaché de cuir et d?étoffes précieuses est promené pendant toute la journée, de maison en maison, le museau badigeonné de henné. Le lion aussi fait partie du folklore du village. D?abord parce que ces félins étaient légion à la fin du siècle dernier. Ils descendaient de la montagne qui porte leur nom et s?aventuraient jusqu?à l?entrée du hameau et, ensuite, parce qu?on raconte qu?un saint homme de la région avait l?habitude de se faire servir et obéir par un lion nommé Merzoug.