Arguments La colonie de vacances vaut-elle le coup d?être tentée ? «On n?y mange pas bien», «les enfants sont livrés à eux-mêmes»? Il s?agit d?arguments que les anticolonies de vacances invoquent pour expliquer leur refus quant à y placer leurs bambins. A cet effet, une dame d?Alger nous relate une discussion qu?elle avait eue avec une femme de ménage dans un centre de vacances dans les années 1980. «Ma fille, m?a-t-elle dit, il faut voir le nombre d?enfants souffrant de diarrhée. Tous les matins, je me tape des draps et des matelas infects. Ces pauvres enfants n?ont droit qu?à du riz ou à des macaronis.» Certes, elles sont loin les années 1980, mais les centres de vacances valent-ils toujours la peine d?être tentés ? Se sont-ils débarrassés de cette mauvaise image qu?on leur colle ? Pour cet ex-moniteur dans plusieurs centres de vacances à l?est et au centre du pays notamment à Sidi Fredj, «il faut savoir faire la différence entre un centre de vacances aménagé dans un CEM et un autre implanté dans un décor de rêve à proximité de la plage et en pleine forêt. Ainsi, quand le propriétaire est une grande entreprise nationale, tous les ingrédients sont réunis pour offrir aux enfants des vacances de rêve. La nourriture est succulente, on a droit à des fruits, des friandises et autres gourmandises», ajoute notre interlocuteur. En revanche, si le propriétaire est un organisme qui doit compter sur des dons, il faut donc s?attendre à un service modeste : «Riz au déjeuner, un goûter modeste et rarement des fruits.» Côté divertissements, les grands centres de vacances peuvent se permettre des acteurs et chanteurs célèbres dans le pays alors que les petits centres n?ont que des disc-jockeys qui, il faut l?avouer, arrivent parfois à faire des miracles. Ainsi, les moyens jouent un rôle prépondérant dans la réussite d?une colonie de vacances. Par ailleurs, la hantise des parents reste les maladies et les blessures. «Mes cousins, de retour de colonie de vacances, avaient toujours des bandages, parce qu?ils s?y étaient blessés», se souvient une femme en abordant le sujet. «Une fois, raconte-t-elle, son cousin a eu des points de suture au niveau du mollet après qu?un gamin eut jeté une bouteille en sa direction.» L?image de ce cousin «rafistolé» lui a fait passer l?envie d?envoyer ses fils en colonie de vacances plus tard. «Je préfère qu?ils restent à la maison durant tout l?été plutôt que de connaître le même sort que mon pauvre cousin», dira-t-elle. Des propos qui dénotent une véritable méfiance qui frise parfois la paranoïa. Cependant, il faut reconnaître que le manque de moyens ajoute à la crainte des parents qui ont le droit d?être exigeants quand il s?agit de leur progéniture.