El-Harrach Hamid, le tueur présumé qui avait annoncé qu?il souhaitait faire de nouvelles déclarations, a finalement refusé de parler devant la cour d?assises et s?en est pris à la justice. «Ce que j?avais à dire n?était pas agréable. La justice, j?en ai marre, la justice je pisse dessus ! A partir de maintenant, je ne dirai plus rien», a-t-il affirmé tout de go, le jour du procès, le 21 août 2004, au tribunal d?Alger. Il a ensuite demandé à regagner sa cellule, mais le président a refusé en précisant qu?il avait le droit de garder le silence, mais était contraint à comparaître. Après un conciliabule avec ses deux avocats, l?accusé a refusé de changer d?attitude. Il avait pourtant semblé au bord des aveux quand il a demandé un délai de réflexion. «Ce que j?ai à dire fera mal à tout le monde. Je n?arrive pas à parler parce que je suis dans un état?», a-t-il dit, blême, en regardant la partie civile. Hamid, 36 ans, arrêté le 26 mars 2002, est jugé pour le viol et l?assassinat de sept jeunes femmes et quatre autres agressions. Il a nié depuis le début de son procès les faits qui lui sont reprochés, notamment les trois premiers assassinats examinés par la cour, dont celui de Nadia en 2000 et le viol et l?assassinat de Lamia, commis le 9 décembre 2000 dans un immeuble. Conduit par trois policiers, Hamid, en tee-shirt vert et pantalon de sport, est donc entré dans le box des accusés de la cour d?assises. Attentif et apparemment sûr de lui, il écoute les premiers conseils de l?un de ses deux avocats. C?est le procès du «tueur». Ni honte ni remords. Hamid aborde son procès comme un combat, après avoir avoué, au cours de l?instruction menée par le juge, sept viols et assassinats commis entre 2000 et 2002 et s?être ensuite muré dans le silence. En pleine forme physique et d?excellente humeur, il affirme d?emblée : «Je n?ai rien à voir avec les faits qui me sont reprochés.» Celui que les enquêteurs avaient surnommé «le tueur» a paru ému par la présence de Fatiha, sa mère nourricière. En revanche, sa mémoire flanche dès qu?on l?interroge sur ses premières agressions. Ses avocats vont, sans doute, s?efforcer de démontrer que les aveux de leur client ont été extorqués. Mais ils auront toutes les peines du monde à éviter que Hamid ne révèle lui-même aux jurés la part la plus sombre de sa personnalité. Une pathologie grave et chronique de psychopathe d?une dangerosité extrême décelée par les experts, qui le jugent incurable. A mesure que les meurtres sont évoqués par ordre chronologique, les effets personnels des victimes sont exhibés, sous les yeux de leurs proches : Ahmed et Toufik, père et frère de Hind, tuée en 2001, Karima et Salim, s?ur et frère de Amina, tuée en 2002, Fatiha et Ali, mère et père de Sabrina, tuée en 2002? Tous savent que rien ne peut leur être épargné. Ni la lecture pendant une heure trente des pages de l?arrêt de renvoi où sont décrits, dans le détail, les sévices infligés à leurs filles, leurs s?urs, leurs amies, ni l?exhibition des pièces à conviction, en particulier les vêtements et objets intimes encore tachés du sang des victimes. Le ministère public, relatant les faits contenus dans le dossier, requiert une peine de 20 ans de réclusion criminelle. Hamid, lui, impassible, bâille à la fin de l?énoncé des crimes qui lui sont imputés. Pas une seule fois, il n?a osé poser son regard sur les familles ou sur les femmes qui ont survécu à ses agressions et qui lui font face. Rien ne semble l?atteindre, ni les larmes ni les trop vives douleurs qui poussent des pères et des mères à quitter la salle un moment pour s?isoler et cacher leur émotion. Parmi ceux qui acceptent chaque jour, sans haine, dans le calme, la torture du souvenir, personne ne doute de la culpabilité de l?accusé. A l?issue des délibérations, le juge prononce le verdict : Hamid est condamné à 20 ans de réclusion criminelle.