Mue Longtemps considérée comme une zone de transit, l?Algérie est en passe de devenir un véritable marché de commercialisation et de consommation des drogues. Les quantités saisies ne cessent de s?accroître d?année en année. Pour la seule année 2002, plus de 6,110 tonnes de résine de cannabis ont été «interceptées» par les services de sécurité, contre 4,826 tonnes en 2001. Alors qu?en 1996, 1997, 1998, les chiffres étaient respectivement de 2,416, 2,319 et 2,659 tonnes. Il est évident que les quantités qui circulent à travers le territoire national sont, et de loin, beaucoup plus importantes que celles qui sont saisies. S?il est vrai que la production de drogues dans notre pays est insignifiante, il n?en demeure pas moins que certains stupéfiants sont cultivés çà et là, notamment dans le Sud. Mais force est de noter que la production provenant de ces cultures est exclusivement destinée à la consommation «locale», et non à la commercialisation. A vrai dire, fumer un joint «dans certaines localités du Sud n?a rien d?anormal». Cela fait partie des traditions de la région. Cela étant, il ressort des différentes enquêtes menées par les services de sécurité que la quasi-totalité des drogues saisies proviennent du Maroc. Malgré les mises en garde des instances internationales chargées de la lutte contre le trafic des stupéfiants, ce pays n?a, semble-t-il, pas mis en place une véritable politique de reconversion des terres destinées à la culture de cannabis en terres agricoles classiques. Selon des sources sûres, «les Marocains ont, au contraire, opté ces dernières années pour le renforcement de leurs capacités de production de drogue, destinée pour une bonne partie à être écoulée en Europe via l?Algérie, étant entendu qu?une proportion non négligeable est forcément consommée dans notre pays». L?inquiétude des autorités algériennes face à cette situation est telle que le ministre des Affaires étrangères, M. Abdelaziz Belkhadem, est allé jusqu?à conditionner récemment la réouverture des frontières algéro-marocaines par le règlement, entre autres, de ce problème. Outre la frontière Ouest qui constitue une incontestable zone de trafic et de commercialisation des stupéfiants, les frontières Sud représentent l?autre plaque tournante en la matière. D?importants réseaux de trafiquants sont implantés à El-Oued, Ouargla et Tamanrasset. C?est dans ces wilayas qu?atterrissent l?héroïne et la cocaïne provenant des pays d?Afrique et le kif venant du Maroc. Ces drogues sont acheminées soit vers la Libye et la Tunisie, soit vers les wilayas du Nord, pour y être commercialisées. S?agissant des substances psychotropes, leur marché illicite est alimenté souvent par des détournements de produits importés légalement, notamment l?Artane et le Diazepam. Selon des statistiques établies par la Gendarmerie nationale, 191 702 comprimés et 600 boîtes de psychotropes ont été saisis en 2002.