Résumé de la 29e partie ■ Mme Claire réalisa que Solange avait eu raison de lui conseiller d'aller voir cette baronne particulière... Ah !... C'est une longue et triste histoire, mais si vous le voulez, je vais vous la raconter. — Ne croyez pas que je sois spécialement curieuse mais souvent j'ai pu aider des détenues à surmonter leur peine morale en les écoutant. — Alors vous devez avoir entendu de bien sombres récits depuis le temps que vous venez ici ! Le mien ne sera sans doute pas le plus noir... La Baronne, avec un sourire triste, s'assit sur son lit et commença son histoire : — Lorsque j'ai rencontré Daniel, il était marié et père d'une petite fille de sept ans. Sa femme me paraissait insignifiante, alors que lui était très bel homme. A cette époque, j'étais mannequin et je gagnais fort bien ma vie. Lui, avec sa paye d'ingénieur, s'en tirait moyennement, mais cela n'avait aucune importance pour moi, puisque je l'aimais et que j'étais prête à tout pour lui. Il voulait un fils et il me disait que si je lui en donnais un, il divorcerait pour m'épouser. J'étais d'accord et j'ai arrêté de prendre des précautions. «Fatalement, je me suis retrouvée enceinte... Au début, il ne cessait pas de me répéter : «C'est formidable, mon amour, c'est formidable !» Au bout du troisième mois de grossesse, quand il s'est avéré qu'il n'avait plus aucun doute, je lui ai reparlé de sa promesse. C'est alors qu'il a commencé à se montrer lâche. Il prétendit qu'il lui serait impossible de divorcer parce que sa femme s'y opposerait et que de plus il aimait sa fille et qu'il avait peur que la séparation lui cause trop de chagrin. Tant et si bien qu'il finit par me demander de renoncer à cet enfant qui risquait de gâcher notre bonheur d'amants. Une fois de plus je l'ai cru et je me suis donc fait avorter. Après l'intervention, le docteur m'a dit que c'était un garçon. J'étais désespérée, d'autant que j'avais dû abandonner mon métier de mannequin à cause de ma grossesse. Mais comme j'étais toujours persuadée qu'il finirait par m'épouser, j'endurais tout avec courage. Je crois même que j'aurais été capable de tuer sa femme s'il me l'avait demandé ! — Ne parlez pas ainsi ! C'est là un langage qui ne vous convient pas ! — Vous avez sans doute raison, mais l'amour, vous fait faire de ces choses, parfois... Enfin, de toute façon cela s'est passé autrement. Deux semaines après mon avortement, Daniel m'a annoncé qu'il ne voulait pas briser son ménage et qu'il préférait que nous nous quittions bons amis. C'était trop dur à avaler pour moi. Je l'ai tué. — Mais je suis sûre que vous l'aimez toujours... — C'est plus fort que moi ! Je ne peux pas m'empêcher de l'adorer, encore aujourd'hui. L'amour est décidément un sentiment bien étrange... Je suis sûre que la plupart des femmes qui ont assassiné leur amant sont comme moi... elles pensent toujours à lui, même en prison ! A suivre