Habitude ■ Il existe une tendance chez les gens à renouveler régulièrement les objets qu'ils utilisent fréquemment, même lorsque ceux-ci fonctionnent encore. Le téléviseur est en panne ? Jetons-le et achetons un nouveau. Le frigidaire ne fonctionne plus ? Débarrassons-nous en. Le pantalon, la robe ou la chemise n'est plus à la mode ? Direction la poubelle. Les ustensiles de cuisine ont trois ou quatre ans d'âge ? Il est temps de les remplacer. Ces comportements et d'autres encore sont de plus en plus fréquents de nos jours. Ils traduisent une profonde mutation de la société. Le temps où on achetait matériel électroménager, meubles et linge de maison pour les garder sinon à vie, au moins pendant longtemps, est bel et bien révolu. Aujourd'hui, la durée de vie des objets qu'on utilise au quotidien est de plus en plus limitée. Au bout de deux, trois, quatre ou cinq ans, il faut tout jeter car ils ne marchent plus et ne sont pas réparables. Mais même lorsqu'ils fonctionnent encore ou peuvent être réparés, ils ne risquent pas d'échapper à ce sort. Pourquoi donc ? «Il faut vivre avec son temps», répliqueront les uns. «Réparer revient plus cher que d'acheter du neuf», souligneront les autres. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a une tendance chez les gens à renouveler régulièrement les objets dont ils se servent fréquemment. «Ce qu'on utilise s'use et nous use», me faisait remarquer un jour un commerçant. Pour ceux qui en doutent encore, on est bien entré dans la société de consommation. Sinon comment expliquer le fait qu'il y ait ce désir incessant chez beaucoup d'acheter de nouveaux biens de consommation et de services ? Il est clair que la politique adoptée par de nombreuses entreprises à travers le monde depuis quelques années a porté ses fruits. A force de produire et de vendre des produits peu durables, elles ont réussi à instaurer une nouvelle culture de consommation basée sur le remplacement continuel des objets du quotidien. «Si on cesse de renouveler ce qu'on utilise, toutes les usines fermeront leurs portes et des millions de personnes se retrouveront au chômage. Il est donc tout à fait normal de continuer à consommer», diront certains. S'il est légitime pour une entreprise de chercher à faire des profits, il est de son devoir aussi de laisser le choix au consommateur, ce qui n'est pas vraiment le cas depuis quelques années. C'est que beaucoup de biens de consommation sont conçus de façon à ce qu'ils s'usent au bout de quelques années d'utilisation, sans possibilité de les réparer le plus souvent. Même quand cette possibilité est offerte, le consommateur ne peut pas la saisir en raison notamment de la cherté des pièces de rechange. Pour lui, c'est plus intéressant d'acheter du neuf que de réparer le vieux. En résumé, tout est fait de sorte à nous pousser à nous débarrasser de nos bons vieux objets.