Plaie ■ Les titulaires du diplôme d'études universitaires appliquées dans diverses spécialités se plaignent du manque de considération qui leur est réservé aussi bien au sein de la société que par les employeurs. Leur diplôme est, en effet, sous-estimé à tout bout de champ, ce qui amène à vivre l'amertume et la frustration en permanence. «Il y a quelques semaines, j'ai postulé à un emploi dans une entreprise publique. Le chargé de la réception des candidats m'a laissé le dernier à passer l'examen, pourtant j'étais le premier arrivé. Et il a eu l'honnêteté de m'expliquer cette attitude par rapport à mon diplôme qui ne bénéficie pas d'une considération en milieu professionnel», témoigne, sur un ton de tristesse, Samir, titulaire d'un DEUA en comptabilité et fiscalité. «Même les employeurs privés ne nous accordent aucune importance ! Un détenteur d'un DEUA est devenu synonyme de médiocrité et d'incompétence et on ne lui donne même pas une chance pour le voir à l'œuvre», poursuit-il. Sur le marché du travail, ce diplôme n'est pas très prisé, en raison de ces préjugés incrustés dans l'esprit des gens. «Un patron d'une entreprise privée n'a pas hésité à me poser la question si j'étais un universitaire ou titulaire d'un DEUA ? Lorsque je lui ai répondu que même le DEUA est un diplôme acquis à l'université, il a hoché la tête, s'excusant de ne pouvoir me recruter», avoue Hocine, la trentaine, titulaire d'un DEUA en génie civil. Nos interlocuteurs incombent cette absence de considération de la part des employeurs privés à l'attitude du ministère de l'Enseignement supérieur et la Direction générale de la Fonction publique. «Si L'Etat qui a créé ces formations ne respecte pas les diplômés, comment voulez-vous qu'on soit considérés par d'autres ? Le préjudice moral que nous cause cette attitude malveillante est, en réalité, beaucoup plus lourd que notre classement dans la Fonction publique», rouspètent ces jeunes diplômés, dont l'avenir est totalement «brouillé» à cause de ce problème d'ordre administratif. «C'est vraiment de l'injustice. On a eu notre Bac, on est sortis de l'université algérienne avec un diplôme universitaire puis on se retrouve classés avec les gens qui n'ont jamais mis les pieds à l'université. C'est malheureux. on a une carrière bloquée, aucune promotion quelle que soit l'expérience ou les compétences», dénoncent ces diplômés à travers une page spéciale sur le site de socialisation facebook. Un DEUA est quasiment consi-déré, en termes de valorisation salariale et de carrière, au même rang qu'un diplôme de formation professionnelle ou celui de l'Université de la formation continue (UFC) ! Sur le plan psychologique, les concernés, qui sont plus de 200 000 au niveau national, se sentent inférieurs par rapport à d'autres universitaires titulaires d'une licence. Cela se traduit également par un manque de confiance en soi, poussant la plupart d'entre eux à s'abstenir à postuler pour des concours de recrutement. «Ce ne sont pas les compétences qui nous manquent, mais c'est plutôt cette idée reçue selon laquelle nous n'avons pas été bien formés qui nous bloque les jambes», avouent plusieurs de ces diplômés. «Nous aurions aimé que les offres d'emploi mentionnent clairement le profil recherché selon la formule Bac+3, Bac+4..., comme cela se fait partout dans le monde, et non pas licence, master, ma-gistère... Et puis, c'est l'épreuve qui doit démontrer les éléments qui méritent les postes proposés», poursuivent-ils. A bon entendeur..