Le collectif des détenteurs de diplômes d'études universitaires appliquées (DEUA) a organisé hier, devant le siège de l'Assemblée populaire nationale à Alger, un rassemblement auquel ont pris part les représentants de wilaya. Les représentants des titulaires de DEUA, qui réclament notamment la reconnaissance et la réhabilitation de la valeur scientifique de leur diplôme, ont été reçus par la commission de l'éducation et de l'enseignement supérieur. Les titulaires de DEUA ont entamé un mouvement de protestation depuis plus d'une année pour dénoncer un «amalgame préjudiciable» pour la carrière de près de 100 000 diplômés. En d'autres termes, le ministère de l'Enseignement supérieur a placé sur un pied d'égalité les détenteurs d'un DEUA délivré après l'obtention d'un baccalauréat et trois années d'études universitaires, et les détenteurs d'un diplôme portant la même appellation, délivré sans bac dans le cadre de l'Université de formation continue (UFC). Pourtant, rappellent les représentants des DEUA, en 1994, M. Benbouzid, alors ministre de l'Enseignement supérieur, avait émis une décision dans le sens de la suppression des diplômes de licence et DEUA délivrés dans le cadre de l'UFC. La licence a été effectivement supprimée, mais le DEUA a été maintenu malgré cette décision ministérielle. Les protestataires réclament donc l'application de la loi et la réhabilitation du diplôme universitaire dans sa valeur scientifique. L'impact est surtout dans la carrière professionnelle, où le détenteur de DEUA n'a aucune perspective de promotion. En réclamant l'équivalence de diplôme avec la licence LMD, le collectif espère ouvrir le dossier de la valeur scientifique et pédagogique de ce diplôme. Le ministre de tutelle, M. Harraoubia, a annoncé dernièrement que les portes des universités sont ouvertes aux détenteurs de DEUA voulant aller plus loin leurs études supérieures et obtenir d'autres diplômes, «mais force est de constater qu'il s'agit d'un effet d'annonce dénué de toute volonté de régler notre problème à la source», explique M. Alili, porte-parole du collectif. Et d'ajouter : «Au niveau des instituts, la réponse est claire, il n'y a pas de place pour contenir tous les titulaires DEUA, formés durant plusieurs années. Dans certaines universités, l'accès nous est refusé.» M. Alili explique que certains de ces diplômés trouvent «illogique d'être renvoyés à la fac pour reprendre des études, alors que les études ont été déjà faites et tous les modules assurés». «Le ministère ne s'est pas penché sur la question principale liée à la valeur du diplôme DEUA déjà délivré et le préjudice porté en maintenant la même appellation pour un autre diplôme non universitaire.» «Toute la problématique est là», explique une employée de la santé, qui rappelle toutes «les chances» de promotion ratées à cause de cet amalgame. «On dirait que nous sommes les enfants illégitimes du ministère de l'Enseignement supérieur, qui ne veut pas les reconnaître, pourtant nous sommes là et nous avons bien été formés dans de vraies universités algériennes. Il est temps maintenant de corriger cette erreur», soutient-elle. Les titulaires de DEUA revendiquent aussi la classification appropriée dans la Fonction publique. Dans certaines entreprises, les titulaires de DEUA stagnent depuis des années et ne dépassent pas la catégorie 11, alors que les autres diplômés ayant suivi le même nombre d'années d'études jouissent d'un plan de carrière plus avantageux. «C'est frustrant», lâche un protestataire.