Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a fini par se rétracter par rapport aux conditions imposées aux titulaires de diplômes d'études universitaires appliqués (DEUA), pour poursuivre leur cursus universitaire, après un sit-in organisé hier devant le ministère par plus 200 jeunes diplômés. Plus de deux cents personnes ont répondu à l'appel de l'association des titulaires de diplômes d'études universitaires, pour l'organisation d'un mouvement de contestation revendiquant leur droit de réintégrer l'université sans aucune condition afin de décrocher un diplôme universitaire. Leur ministère avait, en effet, fixé des modalités d'acceptation des détenteurs du diplôme DEUA en cycle long. Il s'agit d'une expérience de cinq ans et plus dans le domaine du travail, être détenteur du baccalauréat et obtenir l'autorisation de l'employeur. Dans une ambiance pacifique, ils ont brandi des banderoles, affichant leur refus de ces conditions, notamment celle relative à l'expérience de cinq ans dans le milieu du travail. «L'université algérienne est censée connaître le problème du chômage auquel nous sommes confrontés», s'interroge M. Laoufi, représentant de la wilaya d'Alger. Les DEUA n'en sont pas à leur première action, ils ont déjà manifesté à plusieurs reprises depuis le déclenchement de leur mouvement le 28 mai dernier. Au nombre de plus de 3000 jeunes diplômés avec bac +3 en quête d'un meilleur statut, ils estiment injuste leur classement au rang de techniciens supérieurs avec les non bacheliers. Ce qui les bloque à l'échelon 10 de la Fonction publique, alors qu'ils ont suivi un cursus universitaire au même titre que les titulaires du diplôme licence-mastère-doctorat (LMD), classés à la 12. Remplacer par le système LMD Le DEUA a été créé, à titre de rappel, par décret exécutif n° 90-219 du 21 juillet 1990, sanctionnant la formation supérieure de courte durée des établissements d'enseignement supérieur. Ce système dit classique est appelé à disparaître pour céder la place au système LMD. «Nous sommes bacheliers et universitaires et nous sommes classés au même rang que des techniciens ou des personnes issues de la formation professionnelle qui n'ont pas eu leur baccalauréat», s'indigne Hind, diplômée en 2002 en informatique de gestion de l'université d'Alger. Elle travaille actuellement comme technicienne supérieure dans un centre de formation et classée à l'échelon 10, malgré ses 10 ans d'expérience. Les contestataires s'opposent, justement, à cette «injustice, qui nous met au même pied d'égalité que les techniciens supérieurs des centres de formation et réduit nos chances de recrutement», explique Kader, un diplômé en 2008 en industrie alimentaire de l'université de Blida. Ces jeunes compétences ne demandent qu'à revaloriser leurs diplômes et terminer leurs études, surtout que le système classique est appelé à disparaître. «Notre situation actuelle est difficile, car ceux qui travaillent sont mal classés et ne peuvent ni évoluer ni terminer leurs études», explique le même interlocuteur, qui précise qu'ils sont déterminés à aller jusqu'au bout de leurs revendications.