Atteinte à la dignité humaine Un thème, souvent ignoré ou à peine abordé, est la torture. Peut-être cela vient-il du fait que beaucoup ne veulent pas admettre qu'un mot si atroce ait un sens de nos jours ou à notre époque, encore moins qu'il soit une réalité ? Peut-être que c'est parce que le sujet est si pénible et réellement répugnant que peu ont les tripes d'écrire à ce propos. Bien sûr, il y a aussi le fait que ceux qui commettent des actes de torture font en sorte de couvrir leurs exactions sous d'ignobles interprétations en vertu du concept de nécessité, de telle façon qu'une plainte ne soit jamais déposée, ou en s'assurant que le bureau des plaignants ignore tout simplement leurs actions illégales. Sinon, tout simplement, on torture si durement la victime qu'elle serait incapable de témoigner, et mieux encore si elle mourait. Cependant, ne faites pas erreur, ces pratiques sont largement employées, et des Palestiniens ont pendant longtemps été les destinataires, bien malgré eux, de traitements cruels et inhumains entre les mains de l'Intelligence militaire israélienne et l'Agence de sécurité israélienne, auparavant les Services de sécurité générale (GSS). En 1999, le nombre de plaintes contre l'utilisation de la torture par Israël a obligé la Haute Cour de justice à exclure quatre méthodes de torture, à savoir le droit de «secouer» un homme, de le tenir dans la position du «shabach», de le forcer à s'agenouiller dans la position de la grenouille («quambaz»), et de le priver de sommeil, d'une manière autre que ce qui est inhérent à l'interrogatoire. Beaucoup ont confondu cette décision avec l'abolition de l'usage de la torture en Israël, mais en y regardant de plus près, le Comité public contre la torture en Israël révèle que cette décision a laissé des brèches qui font que la torture et les mauvais traitements subis par les Palestiniens peuvent continuer lors des interrogatoires du GSS et de l'Intelligence militaire. Les rapports de torture les plus dérangeants sont ceux commis contre les enfants âgés entre 13 et 18 ans. la Défense internationale des enfants, section Palestine (DCI-PS) rapporte que rien ne s'est amélioré depuis la décision de 1999, avec les témoignages de tous les enfants emprisonnés sur des méthodes de torture, ou autres traitements cruels, inhumains ou dégradants utilisés sur leur personne. En fait, de nouvelles formes de torture ont été développées et sont utilisées beaucoup plus fréquemment, incluant davantage de techniques axées sur la psychologie, tels l'usage de l'isolement, l'utilisation de collaborateurs palestiniens pour arracher des confessions, ou des pressions sur les enfants pour qu'ils coopèrent avec les soldats israéliens. Depuis septembre 2000, la DCI/PS estime qu'environ 700 enfants ont été arrêtés par l'armée israélienne, plus de 160 restent incarcérés. 95% d'entre eux ont été arrêtés pour avoir lancé des pierres et sont torturés jusqu'à ce qu'ils avouent avoir lancé 150 pierres et dénoncent les autres ayant pris part à de telles activités. Si une confession est arrachée à l'enfant durant un interrogatoire mené par l'Intelligence militaire ou l'ISA, il est envoyé au poste de police afin d?y faire la même confession, de façon à ce qu'elle soit reconnue juridiquement. Il est important de noter que la décision de la Haute Cour de justice israélienne mentionnée ci-dessus s'applique uniquement aux pratiques de l'ISA; cependant, des enfants palestiniens furent torturés aussi bien par l'Intelligence militaire que par la police israélienne. Donc, essentiellement, la décision a réussi à réduire avec succès les inquiétudes sans perturber le travail des autres bureaux qui pratiquent la torture. En outre, l'ISA est libre, tout comme les autres bureaux, de développer de nouvelles méthodes, tant la décision est spécifique et stricte en ce qui concerne les pratiques qui sont exclues, ce qui lui laisse beaucoup de marge de man?uvre. - Miftah, une institution palestinienne indépendante, fondée en janvier 1999 et basée à Al-Qods, a pour objectif l'intégration de plusieurs démarches : la construction et la prise de pouvoir d'une nation palestinienne fondée sur les principes de la démocratie, du respect des droits humains, d'un gouvernement représentatif ; la réconciliation et la coopération avec les autres nations. «Amnesty International avait jadis établi que la torture est la seule forme de violence qu'un Etat niera toujours sans jamais oser la justifier. Israël a fait mentir Amnesty, c'est le seul pays au monde qui ait légitimé la torture tant du point de vue juridique que rhétorique», estime Eitan Felner, directeur de B'Tselem, une organisation israélienne pour la paix.