Eventualité ■ Les machines remplaceront-elles un jour les hommes au travail ? La question n'est pas nouvelle. Elle est posée à chaque fois qu'une équipe de chercheurs annonce la création d'un nouveau robot capable d'assumer des tâches réservées jusque-là à l'homme. Si la mise en place d'automates dans les usines pour assembler des pièces ou lors de courses à dos de chameau pour remplacer les enfants jockeys n'ont pas suscité d'inquiétudes particulières, ce n'est pas le cas de la révélation d'un projet de développement de robots capables de tirer sur une cible sans intervention humaine, initié par le gouvernement norvégien, et de l'annonce faite récemment par le géant mondial de l'agro-alimentaire, Nestlé, d'engager quelque 1 000 «humanoïdes» pour vendre ses dosettes et ses machines à café dans ses magasins japonais. Comme pour appuyer ces craintes, le cabinet Roland Berger a rendu publique une étude très sérieuse selon laquelle le recours aux robots entraînerait, rien qu'en France, la destruction de 3 millions d'emplois à l'horizon 2025. A vrai dire, ces chiffres n'ont fait que confirmer ceux d'un groupe de chercheurs de l'université d'Oxford qui a estimé, dans une étude publiée en 2013, que 47% de la force de travail sera remplacée par un ordinateur d'ici 20 ans. Le plus inquiétant dans l'histoire est que ces prévisions n'ont pas pris en compte le fait que les machines s'amélioreront davantage dans les années à venir. Quels sont les métiers les plus menacés ? Contrairement à ce que l'on croit, les professions manuelles basées sur les tâches répétitives à l'usine ne sont pas les seules à être sous l'épée de Damoclès. Infirmier, juriste, journaliste et comptable sont autant de métiers qui risquent également de subir de plein fouet l'arrivée massive des automates dans le monde du travail. C'est qu'il existe déjà des machines qui savent faire une prise de sang ou donner des médicaments, maîtrisent le droit, la rédaction et la comptabilité grâce aux logiciels dont elles sont équipées. «Elles seront capables dans un proche avenir d'effectuer les tâches intellectuelles tout aussi bien que l'homme», pronostique-t-on. Mieux encore, certaines pourraient même être dotées d'une «intelligence artificielle». En attendant, un robot siège déjà au...conseil d'administration d'une société de Hong-Kong et il dispose même du droit de vote. Pour les responsables de Deep Knowledge Venture (DKV), spécialisée dans les investissements en capital risque, cette place n'est pas usurpée, bien au contraire. Et pour cause : Vital (le nom du robot) analyse toutes les données indispensables aux prises de décision de l'entreprise, travaille sans compter ses heures et sans être rémunéré. Beaucoup doivent rêver d'avoir un «Vital» dans leur entreprise !