InfoSoir : Y a-t-il une culture du manga en Algérie ? Mahmoud Meziani (*): Pas tout à fait. Mais depuis quelques années, l?on a pu constater un certain engouement de la part des jeunes, mais cela concerne seulement quelques adeptes, je dirai plutôt quelques initiés, des avertis. Le manga reste, en effet, une culture «étrangère» qui n?est pas répandue à une grande échelle. Comment peut-on expliquer cela ? C?est très simple ! Il n?existe pas de circuits dans lesquels il est possible de véhiculer et de répandre ce genre de littérature. Il n?existe pas de lieux où les adeptes du manga puissent se rencontrer. Il n?y a pas de livres disponibles dans les librairies, donc, devant ce manque, nous nous contentons seulement de télécharger d?Internet des documents concernant le manga. Que faut-il faire pour vulgariser et donc promouvoir le manga en Algérie ? Il suffit seulement de sensibiliser les gens, notamment les jeunes qui constituent un potentiel considérable en la matière. Il faut créer des espaces où les adeptes du manga pourraient se rencontrer et échanger leur culture et leur expérience. Il faut organiser et multiplier les rencontres entre les adeptes du manga et le public. Enfin, il faut qu?il y ait également des livres sur le manga. Aucune librairie ne vend ce genre de littérature. D?où la rencontre que vous avez organisée au mois de juillet dernier à l?Ecole supérieure des beaux-arts? Effectivement ! A travers cette rencontre, nous avons voulu faire connaître le manga à un large public. Je tiens à préciser que nous tenons à faire de cette rencontre un rendez-vous annuel, voire une tradition. Nous espérons à l?avenir que ces journées du manga deviendront plutôt un festival, où les adeptes, de plus en plus nombreux, participeront. Quelles sont les difficultés rencontrées ? C?est au niveau des mentalités. Les gens croient que le manga est un quelconque dessin destiné aux petits enfants dans l?unique but de les amuser. Il se trouve cependant que le manga est plus que cela. C?est une culture, un art. Le dessin manga, d?un genre unique, témoigne de l?esprit imaginatif et de la sensibilité créative de l?artiste. C?est pour cela qu?il faut cesser de penser qu?il s?agit d?un produit destiné uniquement aux enfants. Il y a même des mangas pour adultes. En fait, il y a des mangas pour tous les âges. Vous faites partie d?une association. Pouvez-vous nous en parler ? En effet ! Je fais partie de l?association Patrimoine ; pour être plus précis, je fais partie de la section «nouvelles technologies», une filière de l?association. Notre objectif à travers cette association, notamment cette section, est de promouvoir les nouvelles technologies, à savoir tout ce qui a trait à l?information et à la communication. Quel est l?objectif de cette association ? Il y a ce souci majeur, constant et récurrent, de promouvoir le patrimoine culturel algérien tant dans sa diversité que dans sa richesse, qu?il soit matériel ou moral. En fait, nous ?uvrons à sa valorisation, à sa sauvegarde et à sa réhabilitation dans le but de l?ériger en héritage de l?humanité. Quelle est votre démarche ? Préserver et réhabiliter la mémoire collective nécessitent effectivement une démarche réaliste et efficace. Ainsi, nous avons mis en place des mécanismes favorisant la communication en termes de sensibilisation. En effet, nous mettons tous nos efforts dans la communication. Car grâce à la communication, nous arrivons à canaliser l?attention des personnes et l?orienter sur le patrimoine. (*) Mahmoud Meziani, de l?association culturelle Patrimoine, est responsable de la section nouvelle technologie de l?information et de la communication qui a pour but, entre autres, de promouvoir la littérature manga.