Depuis plus d?une décennie, l?on entend parler du phénomène manga, un style de dessin spécifique aux Japonais. En fait, c?est une bande dessinée japonaise. D?abord conçue sur papier, elle a vite été adaptée à la télévision (séries de dessins animés) puis au cinéma (films d?animation) pour connaître, plus tard, dans toutes les sociétés du monde, un grand succès auprès des jeunes et des adultes aussi. Le manga diffère du dessin ordinaire ; sa particularité se trouve dans la manière dont les personnages sont représentés, dessinés. Les nouvelles générations, surtout les plus jeunes, sont influencées par le phénomène manga, mais à la différence du Japon ou de l?Europe, le manga, en Algérie, semble ne pas avoir un énorme impact sur notre société. Néanmoins, en dépit de cette méconnaissance, le manga ne manquera pas de devenir, au fil des années, un phénomène de société à part entière dans notre pays, un élément intégré à la culture des jeunes. L?on peut relever ce phénomène dans les grandes villes, comme Alger. Les discussions des adolescents sont alimentées par les séries de dessins animés et le jeu des enfants est souvent inspiré de dessins animés manga diffusés à la télévision (chaînes françaises). De nombreux enfants, en effet, s?identifient à leurs personnages, comme les Chevaliers du zodiaque ou encore Dragon Ball Z. La culture du manga, en Algérie, n?est pas véhiculée et accessible dans son intégralité ; seuls les dessins animés sont à la portée des adeptes des cartoons et ce, par le biais de la télévision. Concernant les autres supports de communication et de diffusion, comme l?édition ou le cinéma (film d?animation), ils sont inexistants. Il n?y a pas de maisons d?édition qui s?investissent dans la littérature du manga et il n?y a pas d?espace spécialisé dans sa diffusion. Effectivement, la seule ouverture sur le manga se fait grâce aux chaînes satellitaires qui offrent, néanmoins, un choix restreint. Le manga exerce une grande influence sur les jeunes. Et même les adultes nourrissent étrangement une passion, un certain intérêt pour ce genre de culture ; il se trouve que ce goût pour le manga est nettement prononcé chez les jeunes artistes. Des étudiants de l?Ecole supérieure des beaux-arts d?Alger lui vouent une adoration extraordinaire, à tel point que certains nourrissent l?ambition de devenir, un jour, des concepteurs de bandes dessinées style manga. Mais ils ne se bercent que de douces illusions. Farouk est un jeune autodidacte ; sa passion est le dessin, mais sa vocation est le manga. Enfant, il a été marqué par de nombreuses séries télévisées (dessins animés). «J?aime beaucoup le manga, dit-il, c?est un art expressif, aux traits proéminents, il s?agit aussi d?un art chargé d?émotion et d?action. En fait, c?est l?action qui me surprend et m?attire. La bande dessinée classique a moins d?action et moins d?émotion que le manga. En plus, l?action est montrée sous différents angles. Je passe beaucoup de temps à dessiner, à reproduire sur le papier ce que j?imagine, ce qui m?inspire, et j?espère un jour produire une bande dessinée. C?est d?ailleurs un v?u que j?aimerais tant voir exaucé.» Farouk, ce jeune dessinateur, ambitionne de réaliser son projet, mais comme l?édition, en Algérie, connaît un énorme déficit, son aspiration reste un rêve. «Je ne désespère pas. Je me montrerai opiniâtre. Je finirai, je l?espère, par éditer un album», déclare-t-il. Le problème de l?édition endigue la diffusion et l?expansion du manga en tant que culture et freine les ambitions les plus fougueuses de jeunes dessinateurs. La question que l?on se pose est de savoir si le manga est un phénomène de culture ou simplement une mode. Une chose est certaine : c?est une forme artistique conçue de façon à mieux s?adapter à la sensibilité des jeunes. De nombreux individus s?identifient à ce genre d?art, une forme artistique, donc d?expression qui, pour eux, est le miroir de leurs pulsions dans lequel toute leur psychologie se réfléchit.