Les bons résultats enregistrés par notre équipe nationale de football au cours de la dernière coupe du monde ne signifient aucunement que le sport de masse, principal réservoir du sport d'élite, se porte bien. Les gros investissements de l'Etat, à travers les projets de réalisation des terrains de proximité, n'ont pas atteint l'objectif escompté. Faute d'encadrement, ces terrains dits maticos, s'ils sont réalisés selon les normes, se trouvent, malheureusement, dans la plupart des cas, livrés à l'abandon. Aux établissements scolaires, notamment primaires, il y a un manque flagrant en matière d'infrastructures sportives et d'encadreurs... Mehdi est un enfant que nous avons rencontré à la sortie des classes. Il est en cinquième année. «Notre institutrice nous a dit qu'il ne faut pas faire le sport, qu'il faut étudier.» , répond-il naïvement à notre question. Sa maman, qui l'accompagnait, nous a appris qu'elle ne trouve pas dans l'emploi du temps une séance d'éducation physique. «Les élèves doivent faire du sport, surtout lorsqu'ils sont en cinquième année. Ils doivent se défouler quand même.», dit-elle. «A la salle omnisport, on entraine à partir de quinze heures. C'est pour cette raison que je n'arrive pas à inscrire mon enfant. Ensuite, la salle est loin de chez nous.» , ajoute-t-elle, avec regret. Nous avons sollicité le directeur de l'école Dahmani Abdelkadeur, où étudie Mehdi, pour mieux voir. Au primaire, la réglementation est claire : quarante cinq minutes d'éducation physique par semaine. Tout en évoquant le manque d'équipements, le directeur estime que les enfants de son école subissent une injustice. Il explique : «Six dinars parmi les tente cinq que verse l'enfant, en début d'année scolaire, à la caisse de la direction de l'éducation, vont en principe pour équiper l'école en matériel de sport. Mais nous n'avons ni ballon, ni terrain.» En effet, la cour de cette école est couverte d'un pavage, ce qui rend la pratique du sport dangereuse. Outre le manque d'équipements et d'infrastructure, notre interlocuteur évoque un autre problème : Au primaire, les séances d'éducation physiques et sportives ne sont pas encadrées par des éducateurs spécialisés. «Certains instituteurs, argue-t-il, ne veulent plus prendre le risque d'initier les enfants à la pratique.» «On aimerait bien qu'on aménage des espaces pour le sport.», souhaite la directrice de l'école Ali Arrach, à l'ouest d'Alger. De visu nous avons eu à constater que la cour de l'établissement qu'elle dirige est bétonnée. Aucun indice ne montre que les paniers de basket installés à l'entrée de cette école ont servi un jour. Comme ces deux écoles, beaucoup d'autres n'ont pas les moyens de faire pratiquer aux enfants une séance essentielle du programme scolaire. Cette situation qui provoque un sentiment de frustration chez l'enfant a fait que celui-ci arrive au C.E.M sans avoir pratiqué le sport. Pour mieux comprendre, nous nous sommes rapprochés de M. Abdelmadjid Hattab, inspecteur d'éducation physique et sportive de Chéraga, une circonscription de l'ouest d'Alger .« En 2012, il y a eu une initiative pour la formation d'instituteurs qui ont des connaissances ou un penchant vers le sport. Cette formation a duré une semaine. Il y a eu un répondant favorable. Malheureusement, cette formation s'est arrêté, pour des raisons inconnues», révèle-t-il. Et d'informer : «Actuellement, on réalise dans chaque nouveau lycée une salle de sport...» M. Hattab, qui espère voir tous les établissements scolaires dotés de salles de sport, a rappelé l'importance du sport dans le milieu scolaire : « Le but principal de l'éducation physique et sportive est d'éduquer l'enfant pour qu'il soit un élément positif , sociable et coopératif .» «Des équipements pédagogiques sont exposés à la dégradation au niveau d'établissements scolaires dépourvus d'installations sportives» se désole-t-il.