Offensive ■ Une vingtaine de personnes enlevées dimanche par le groupe islamiste nigérian Boko Haram dans le nord du Cameroun, où le Tchad poursuit son déploiement militaire, ont été libérées par l'armée, une cinquantaine d'autres restant captives. Citant le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary, la radio-télévision nationale camerounaise (CRTV) a annoncé la libération d'une vingtaine d'otages, sans fournir de détails. Selon une source gouvernementale, l'armée camerounaise a traqué les combattants de Boko Haram après le rapt, les poussant à relâcher 24 personnes. Les islamistes ont pu s'enfuir vers le Nigeria voisin avec une cinquantaine d'otages. Toutefois, le gouvernement camerounais a averti dans l'après-midi qu'il ne fallait pas s'attendre à une offensive-éclair, et insisté sur le besoin de coordination avec les autres pays voisins. «Il faudrait que les états-majors militaires (des deux pays) se retrouvent, bâtissent une plateforme (et) procèdent à une distribution spatio-temporelle des troupes aussi bien camerounaises que tchadiennes. ça nécessite du temps. Ne vous attendez pas à ce que les résultats commencent à se faire sentir demain», a souligné Issa Tchiroma Bakary sur la CRTV. Sur le terrain, l'armée tchadienne poursuivait durant la journée d'hier son déploiement face à l'«ennemi» Boko Haram dans le nord du Cameroun, où le gouvernement a appelé à une nécessaire coordination contre les islamistes nigérians. Le Tchad a annoncé vouloir «progresser» en direction des insurgés nigérians. Le chef du Bureau régional des Nations unies pour l'Afrique centrale (Unoca), Abdoulaye Bathily, a salué hier le déploiement tchadien, encourageant «tous les Etats du bassin du lac Tchad et ceux d'Afrique centrale à renforcer leur coopération, y compris avec le Nigeria, afin d'apporter une réponse régionale et coordonnée à ce fléau». Le président ghanéen, John Dramani Mahama, dont le pays n'est pas directement menacé par Boko Haram, a affirmé depuis Berlin que la formation d'une force régionale destinée à lutter contre Boko Haram serait d'ailleurs discutée lors du prochain sommet de l'Union africaine qui se tiendra à la fin du mois. «L'Afrique est capable de fournir des troupes à cette force régionale, mais il est très important que nos partenaires puissent participer à travers un soutien financier», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse conjointe avec la chancelière allemande Angela Merkel. «Nous apprécierons tout soutien logistique ou d'une autre forme que nos partenaires européens pourront nous apporter», a affirmé le président, ajoutant qu'il ne lui semblait pas nécessaire «dans l'immédiat» de déployer des troupes européennes contre Boko Haram. Il est question de déployer une force multinationale depuis l'année dernière, mais les divergences concernant l'ampleur et l'étendue de ses opérations en ont ralenti le déploiement. R. I. / Agences Un cauchemar au quotidien L'extrême nord du Cameroun, la zone de Tourou, dans l'arrondissement de Mokolo, a vécu un cauchemar dimanche quand les assaillants sont repartis avec une soixantaine de personnes. La plupart de ces personnes sont des femmes et des enfants. Jadis très animée en raison des échanges commerciaux avec le Nigeria, cette ville a vu son activité chuter dramatiquement avec la multiplication des attaques de Boko Haram dans la région, selon ses habitants. «Nous souffrons. Rien (marchandises) ne vient d'ailleurs, c'est pourquoi la plupart des habitants sont partis vivre ailleurs, au Tchad ou à Kousseri», a déclaré l'un d'eux. «Les gendarmes nous traitent de complices de Boko Haram alors que nous en sommes les principales victimes», raconte Boukari, réparateur de pneus, ravi de la présence des Tchadiens, acclamés par la foule à leur entrée au Cameroun samedi. «La présence des soldats tchadiens nous rassure, et nous sommes très contents». «La vie est difficile et chère, nous avons épuisé tout ce que nous disposons. Tout ce qui venait du Nigeria n'arrive plus», se lamente Issa, natif de Maltam et propriétaire d'une boutique vide. ont indiqué des sources dans ces missions diplomatiques.