Paul Biya a dû employer les grands moyens face au groupe islamiste nigérian Boko Haram qui avait pris le contrôle d'un camp militaire camerounais. C'est une première dans la guerre que se livrent l'Etat camerounais et Boko Haram. Pour la première fois, l'armée camerounaise a engagé son aviation pour bombarder des combattants du groupe islamiste nigérian. Instructions du président de la République Selon un communiqué publié dimanche en fin de journée par le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, «tôt ce matin du 28 décembre, une escouade (d'islamistes de Boko Haram) a donné l'assaut sur le camp d'Assighasia tenu par des forces de défenses camerounaises qui ont dû reculer après avoir tenté de défendre leur position». Et le communiqué de poursuivre : «Sur très hautes instructions du président de la République (Paul Biya), l'aviation de chasse camerounaise est entrée en action pour la première fois depuis le début de ce conflit». Les assaillants ont déguerpi «Après deux passages et un feu nourri de ses vecteurs de combats, les assaillants ont déguerpi du camp d'Assighasia en territoire camerounais, perdant plusieurs combattants.» Selon le texte, les opérations de sécurisation du secteur concerné sont en cours et «le bilan des combats sera communiqué dès que l'évaluation opérationnelle sera achevée». Le communiqué ajoute que «l'entrée en action de notre aviation dans ce conflit constitue une nouvelle gradation de la riposte camerounaise face à la multiplication (...) des attaques ennemies venues du groupe terroriste Boko Haram». Les insurgés, qui lancent régulièrement des attaques dans cette zone, massacrant des civils et effectuant des razzias dans les villages, n'hésitent plus désormais à attaquer directement l'armée camerounaise. Ainsi le 15 octobre à Amchidé, plusieurs dizaines de civils et huit soldats avaient été tués lors d'une attaque de Boko Haram, qui avait lancé un assaut contre une base militaire de l'armée camerounaise avec une voiture piégée et un char blindé. Depuis plusieurs mois, les islamistes multiplient les incursions dans l'extrême nord du Cameroun, le long de la frontière avec le Nigeria. L'armée camerounaise affirme avoir tué environ un millier de combattants nigérians au total et perdu une trentaine d'hommes. Aucun bilan n'a pu être établi des victimes civiles. Une quarantaine de membres de Boko Haram tués au Cameroun Au moins 41 membres de la secte Boko Haram ont été tués ce week-end par l'armée camerounaise à la frontière nigériane, a fait savoir Yaoundé. Le mouvement islamiste, qui menait jusqu'ici des raids ponctuels depuis ses bases du nord-est du Nigeria, a lancé cinq assauts simultanés dans la région, a indiqué le ministre de l'Information Issa Tchiroma. Plusieurs milliers de militaires camerounais ont été déployés dans le Nord pour lui faire face et l'aviation est pour la première fois intervenue dimanche. «Des unités du groupe Boko Haram ont attaqué Makari, Amchide, Limani et Achigachia dans le cadre d'un changement de stratégie consistant à occuper les forces camerounaises sur différents fronts, ce qui les rend plus vulnérables du fait de la mobilité et du caractère imprévisible de leurs attaques», a déclaré dimanche soir Issa Tchiroma. Trente-quatre combattants islamistes ont été tués à Chogori et sept autres ont trouvé la mort près de Waza, a-t-il précisé, faisant état d'un tué dans les rangs des forces gouvernementales.