Recherche ■ L'ouvrage de Mohamed Nazim Aziri, une référence en la matière, démontre, que le parler algérien contient beaucoup de mots venant directement de l'espagnol ou de l'italien. Les mots italiens et espagnols dans le vieux parler algérien, un livre signé de Mohamed-Nazim Aziri et paru aux éditions ANEP, aborde la langue parlée en Algérie, communément appelée le parler ou l'arabe algérien, une langue dont la base est l'arabe, mais qui a des ramifications lexicales dans d'autres langues, telles que, outre le turc, le berbère ou le français, l'espagnol et l'italien. Autrement dit, une langue qui a beaucoup emprunté aux autres langues, et ce, en fonction de la proximité géographique ou des rencontres historiques. C'est dire toute la richesse et la diversité du vocabulaire du parler algérien, dit aussi le dialecte algérien. En effet, chaque langue, et ce, au fil de l'histoire, a contribué, d'une façon ou d'une autre, à enrichir le parler algérien. Et l'ouvrage de Mohamed Nazim Aziri, une référence en la matière, démontre, que le parler algérien contient beaucoup de mots venant directement de l'espagnol et de l'italien. «Le livre aborde les mots italiens et espagnols conservés dans le vieux parler algérien», dit-il, et d'abonder : «Chacun de nous sait que dans notre dialecte, nous utilisons beaucoup de mots d'origine romaine, de la langue latine, principalement le français, l'italien et l'espagnol, sauf que beaucoup de mots sont plus d'origine hispaniques et italienne que française et les emprunts français ne sont venus qu'après une longue période de l'avènement de l'occupant français. Pour les langues romanes, les mots d'origine italienne et espagnole dans le vieux parler algérien sont majoritaires. Je ne parle pas du dialecte actuel, mais à l'époque c'était le cas.»Mohamed Nazim Aziri, qui estime que «le parler algérien évolue dans un creuset qui contient beaucoup de langues», ce qui lui confère d'emblée sa spécificité, évalue le vocabulaire du parler algérien emprunté à l'espagnol et à l'italien à environ 500 mots, conservés dans le vieux parler algérien. Précisons que Mohamed Nazim Aziri n'aborde pas encore le parler algérien tel qu'il est utilisé aujourd'hui, notamment par les jeunes, parce que le dialecte actuel constitue un autre terrain de recherche, nécessitant de nouveaux instr uments d'étude et d'autres outils d'analyse, sachant, à cet effet, qu'une langue est vivante et, par conséquent, évolutive. Elle évolue en permanence, et ce, en contact - avec l'avènement des technologies de l'information et de la communication - avec de nouvelles langues, comme notamment l'anglais. Par ailleurs, Mohamed Nazim Aziri appel chercheurs et universitaires à mener un travail de recherche dans le domaine linguistique, et ce, pour faire ressortir toute la richesse et la diversité du parler algérien. Car ce genre de recherche constitue une réappropriation de l'identité linguistique de la société algérienne. En d'autres termes, qui dit recherche linguistique, dit aussitôt une recherche identitaire - et même historique. Il y a donc, selon le chercheur, une nécessité d'éditer des ouvrages de vulgarisation linguistique pour une meilleure compréhension, acceptation de notre parler et donc pour une réappropriation de ce dernier comme un référent culturel, un repère identitaire et une lecture de notre histoire linguistique. Mohamed Nazim Aziri est auteur et journaliste. Après des études de biologie, il obtient le diplôme d'ingénieur d'Etat en océanographie. Passionné par les sciences sociales, il entame une carrière de journaliste à la Télévision algérienne en 2001. Présentateur du journal télévisé en langue française à Canal Algérie, animateur de débats politiques, il est aussi chercheur en dialectologie. Il est l'auteur de deux ouvrages : Dictionnaire des locutions de l'arabe dialectal algérien et, tout récemment, Les mots italiens et espagnols dans le vieux parler algérien, aux éditions ANEP.