Attendus ■ La justice égyptienne a classé hier samedi comme organisation «terroriste» la branche militaire du mouvement islamiste palestinien Hamas, le pouvoir au Caire l'accusant de soutenir une insurrection jihadiste dans le Sinaï. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza frontalière de l'Egypte, a aussitôt dénoncé «une dangereuse décision politique qui ne sert que les intérêts de l'occupant» israélien. Ce dernier, avec les Etats-Unis, considère le Hamas comme «organisation terroriste». «Nous refusons que le nom des brigades al-Qassam soit mêlé aux affaires internes de l'Egypte», a dit un porte-parole du Hamas à Gaza, Sami Abou Zouhri. Les brigades al-Qassam n'ont pas commenté dans l'immédiat la décision de justice. Les combattants palestiniens sont soupçonnés d'aider les jihadistes qui ont multiplié les attaques meurtrières contre l'armée dans la péninsule du Sinaï (nord-est). Dans ses attendus hier, un juge des référés a proclamé «groupe terroriste» les brigades Ezzedine al-Qassam, après une plainte d'un avocat accusant la branche armée du Hamas d'être directement impliquée dans des «opérations terroristes» au Sinaï, selon un responsable judiciaire. Le juge a estimé que «les documents présentés par le plaignant ont prouvé que l'organisation a mené des attentats (...) qui ont pris pour cible l'armée et la police égyptiennes et leurs installations». L'avocat égyptien accusait également le groupe d'utiliser des tunnels clandestins entre l'Egypte et Gaza pour le trafic d'armes et lancer des attaques contre la police et l'armée. L'armée égyptienne annonce régulièrement la destruction de ces tunnels, utilisés pour faire entrer notamment du carburant et des matériaux de construction dans l'enclave palestinienne soumise à un blocus israélien. Elle a entamé la construction d'une zone tampon à la frontière avec Gaza pour faire cesser la menace de ces tunnels. En mars, l'Egypte avait interdit le Hamas et proscrit ses activités sur le sol égyptien, ordonnant le gel de ses avoirs. Mais malgré la détérioration des relations, l'Egypte a continué de jouer son rôle traditionnel de médiateur entre le Hamas et Israël, comme au moment de la dernière guerre de Gaza, en juillet-août 2014. Et le numéro deux du Hamas en exil, Moussa Abou Marzouk, est généralement basé au Caire. La décision de justice est intervenue au surlendemain d'attaques coordonnées spectaculaires contre l'armée dans le Sinaï qui ont fait 30 morts en majorité des soldats. Ces attaques ont été revendiquées par Ansar Beït al-Maqdess, la branche égyptienne du groupe Etat islamique (EI).