Résumé de la 33e partie ■ Charlotte conduisit Jonathan vers un lieu qu'elle seule connaissait, c'est le musée de sa grand-mère. Je lui ai dit qu'il n'était pas souhaitable de s'accrocher au passé — à aucun passé, ajouta-t-elle en regardant Jonathan droit dans les yeux. Mais à présent je déplore que nous n'ayons pas été en bons termes quand elle est morte. Jonathan contempla la remarquable collection d'objets qui s'étalait sous ses yeux, retraçant l'histoire de la médecine chinoise. Il savait également qu'une grande partie de l'histoire personnelle de la famille Lee était représentée ici, dans ces bols de porcelaine, ces paravents laqués, ces paniers de bambou, ces figurines de jade. Il ne fut pas surpris d'y trouver un gigantesque chien de pierre, gardien de temple chinois, et se rappela même l'avoir déjà vu, des années auparavant. Cette statue avait une histoire, tout comme il y avait une histoire rattachée à chacun des trésors qui se trouvaient dans cette pièce. Avisant sur le mur une carte de Chinatown, le quartier chinois de San Francisco, il réalisa avec un petit choc que le musée était aussi empreint de son propre passé, dans la mesure où son chemin avait croisé celui de Charlotte Lee lorsqu'il avait treize ans. — Il y a un terminal, dans le bureau de grand-mère, dit-elle, en tournant brusquement les talons pour lui montrer le chemin. Elle ne s'en servait jamais, évidemment. Elle n'a jamais voulu apprendre à taper à la machine. Il la suivit, foulant aux pieds l'épaisse moquette, cheminant entre les vitrines remplies de vestiges exotiques provenant d'un passé à jamais révolu. Lorsqu'il tomba nez à nez avec une figure masculine vêtue d'une somptueuse robe de soie à la mode des mandarins, Jonathan eut un haut-le-corps tant le mannequin était réaliste. Il n'eut pas besoin de lire la petite notice d'explication pour savoir qu'il s'agissait de l'arrière-arrière-grandpère de Charlotte, riche médecin de Singapour. Il reconnut la robe de soie vert émeraude et la veste de satin noir qu'ils avaient vues sur une photo que Charlotte lui avait montrée autrefois. — J'ai fermé le musée le lendemain de la mort de grand-mère, dit Charlotte lorsqu'ils atteignirent enfin le petit bureau. (Elle actionna l'interrupteur.) Il est exactement tel que je l'ai laissé. (Elle se tourna vers lui, et plongea ses yeux vert clair dans les siens.) Grand-mère avait quatre-vingt-onze ans, et elle était encore à la tête d' Harmony House. Mais elle passait le plus clair de son temps ici, à ressasser ses souvenirs, en ruminant le passé. Le bureau, également éclairé par une lumière tamisée, donnait l'impression de n'avoir pas connu de présence humaine depuis longtemps. Et pourtant, la grandmère de Charlotte n'était morte que six mois auparavant - Jonathan se demanda si Charlotte avait reçu les fleurs et la carte de condoléances qu'il lui avait envoyées d'Afrique du Sud. A suivre