Délivrance ■ les rebelles et Kiev ont procédé à un échange massif de prisonniers dans l'est séparatiste de l'Ukraine, un des rares pas dans l'application de l'accord de Minsk 2, qui prévoyait aussi un cessez-le-feu. Hier, sur la ligne de front, dans la nuit et le froid de la campagne du Donbass, les deux camps se retrouvent à pied au milieu d'une route défoncée par les tirs d'artillerie. En file indienne, 139 soldats ukrainiens et 52 combattants rebelles peuvent commencer à passer d'un camp à l'autre. Pour les prisonniers ukrainiens, le processus d'échange a commencé au coucher du soleil quand ils sont arrivés à bord d'autobus civils dans le hameau de Frounze. Ceux qui ont été amenés de Donetsk sont en civil. Ceux qui viennent de Lougansk, en treillis. Sous l'escorte vigilante des rebelles en armes et cagoulés du bataillon Vostok, commence alors une marche dans la nuit, sans véhicules, et sans autre lumière que les projecteurs de quelques caméras. Il fait zéro degrés et la lune n'est qu'un mince croissant. La route en partie enneigée porte la trace de combats récents. Il y a des petits cratères, des morceaux de tôle, des branches déchiquetées par l'artillerie. Régulièrement, les rebelles hurlent : «Restez sur la route, il peut y avoir des mines.» Sinon le silence est complet, pas de tirs dans la région. Les prisonniers ont les traits tirés. Certains ont été fait prisonniers à Debaltseve, où l'armée ukrainienne a été mise en déroute il y a quelques jours. Malgré la signature des accords de Minsk 2 qui prévoyaient l'instauration d'un cessez-le-feu à partir de dimanche dernier les combats se sont poursuivis. Kiev et les rebelles se sont accusés mutuellement de poursuivre les combats, alors que des tirs d'artillerie résonnaient encore à Donetsk hier matin. Trois civils ont été tués par des bombardements à Avdiïvka, une ville contrôlée par Kiev située cinq kilomètres au nord de Donetsk. Un soldat ukrainien a été tué et 40 blessés, a déclaré un porte-parole militaire ukrainien. L'Ukraine et les rebelles prorusses de l'Est séparatiste ont signé des accords pour commencer le retrait d'armes lourdes de la ligne de front, a annoncé un haut responsable militaire ukrainien. «Les documents ont été signés pour commencer le retrait d'armes lourdes sur toute la ligne de front», a déclaré le général Olexandre Rozmaznine. Si pour certains médias, le retrait des troupes pourrait commencer dès dimanche, M.Rozmaznine a estimé qu'il était trop tôt pour en parler. Kiev célébrait par ailleurs ce week-end le premier anniversaire de Maïdan, la révolution pro-européenne ayant mené au départ du chef d'Etat prorusse Viktor Ianoukovitch. «Cette révolution a été la première, mais surtout la victorieuse bataille pour notre indépendance», a déclaré le président ukrainien Petro Porochenko devant la foule rassemblée sur la place de l'Indépendance, coeur de cette révolution. Viktor Ianoukovitch, aujourd'hui réfugié en Russie, a promis de «revenir» pour «soulager la vie en Ukraine», dans une interview diffusée samedi à la télévision russe. A Moscou, un rassemblement «anti-Maïdan» a rassemblé 35 000 manifestants samedi, selon la police moscovite. R. I. / Agences Retrait d'armes lourdes ? Les «présidents» de la République autoproclamée de Donetsk Aleksandre Zakhartchenko et celle de Lougansk Igor Plotnitski ont signé un programme du retrait d'armes. Le retrait d'armes, qui doit durer 14 jours après son début, était prévu par les accords de paix Minsk 2 conclus le 12 février. Selon les accords Minsk 2, les deux parties doivent retirer «toutes les armes lourdes» afin d'établir une zone tampon d'une profondeur de 50 kilomètres à 140 kilomètres en fonction du type d'armes lourdes. Pour mettre en place cette zone, l'armée ukrainienne doit retirer ses pièces d'artillerie par rapport à la ligne de front actuelle, située plus à l'ouest par rapport à celle qui était accordée en septembre dans le cadre des précédents accords de paix de Minsk étant donné que les rebelles ont gagné du terrain depuis. De leur côté, les rebelles doivent se retirer par rapport à la ligne de front de l'époque, celle de septembre. Les territoires nouvellement conquis sont ainsi de facto intégrés à la zone tampon élargie par rapport aux précédents accords qui prévoyaient une zone de 30 kilomètres de largeur.