Les belligérants du conflit ukrainien procédaient mercredi au retrait des blindés et des pièces d'artilleries lourdes de la ligne de démarcation en zone de conflit dans l'Est séparatiste. Selon des sources responsables, "des dizaines de chars, blindés légers et véhicules militaires ukrainiens ont quitté la ville stratégique de Debaltseve dans l'Est rebelle pour stationner dans la ville d'Artemivsk", à environ 35 kilomètres de Debaltseve. "Une partie des troupes ukrainiennes reste toujours à Debaltseve où elles sont en train de mener une opération spéciale", a assuré Vladislav Seleznev, porte-parole militaire. Les séparatistes de la république autoproclamée de Donetsk (DNR) dans l'Est de l'Ukraine ont entamé à leur tour le retrait des systèmes d'artillerie de la ligne de séparation fixée dans les accords de Minsk. "Les forces armées de la république populaire de Donetsk ont procédé au retrait des systèmes d'artillerie de la ligne de séparation fixée par l'accord de Minsk du 19 septembre 2014", a annoncé le ministère de la Défense de la DNR. Le 12 février à Minsk, les pays faisant partie du "format Normandie" (Russie, Ukraine, France et Allemagne) ont signé un texte destiné à mettre un terme au conflit dans le Donbass. L'accord engage notamment l'armée ukrainienne à retirer ses armes lourdes de la ligne de confrontation actuelle et les insurgés, de la ligne fixée dans les accords de Minsk de septembre 2014. Les accords de Minsk Une solution pacifique au conflit ukrainien qui a fait plus de 5.300 morts en 10 mois est jugée possible. "Il (l'accord) laisse espérer une solution pacifique", a déclaré le dirigeant de la "République de Donetsk", Alexandre Zakhartchenko. Les accords de Minsk sont une bouffée d'oxygène pour les insurgés et qui les laissent espérer. "Nous avons signé un accord qui donne une chance au développement pacifique des républiques (autoproclamée) de Donetsk (DNR) et de Lougansk (LNR). C'est une grande victoire pour elles", a-t-il ajouté. "Nous ne pouvons pas ne pas donner cette chance à l'Ukraine", a souligné le dirigeant de la "République de Lougansk", Igor Plotnitski. Kiev et les séparatistes ont signé une feuille de route visant à ramener la paix en Ukraine, qui prévoit notamment l'instauration d'un cessez-le-feu et la création d'une zone tampon élargie. Le Groupe de contact, constitué d'émissaires ukrainiens, russes et de représentants de l'OSCE, avait négocié à Minsk avec les rebelles séparatistes en parallèle des discussions des dirigeants français François Hollande, allemande Angela Merkel, russe Vladimir Poutine et ukrainien Petro Porochenko. Les principaux points de l'accord Le document en 13 points reprend en grande partie les points de l'accord déjà signé à Minsk en septembre 2014, mais qui n'avait pas abouti sur une paix durable. Les point les plus importants sont : le Cessez-le-feu (les parties au conflit s'engagent à un cessez-le-feu bilatéral à partir du 15 février à 00H00 dans les régions de Donetsk et Lougansk). Il y'a aussi le retrait des armes (le document prévoit également le retrait "de toutes les armes lourdes par les deux parties" afin d'établir une zone tampon d'une largeur de 50 kilomètres à 140 kilomètres en fonction du type d'armes lourdes. Le texte prévoit également "le retrait de tous les groupes armés étrangers, des équipements militaires et des mercenaires du territoire ukrainien, sous l'observation de l'OSCE", ainsi que la libération de "tous les prisonniers et des otages" retenus depuis le début du conflit en avril. Dialogue politique, levée du blocus économique Comme lors des précédents accords, le nouveau document prévoit de lancer un dialogue pour la tenue d'élections locales conformément à la législation ukrainienne et pour définir le futur "régime" des régions de Donetsk et Lougansk. Une amnistie doit également être adoptée pour les combattants impliqués dans le conflit. Le document précise que les deux parties doivent définir "les modalités" en vue de rétablir les liens économiques et sociaux, dont le paiement des retraites, entre les zones contrôlées par les forces ukrainiennes et celles rebelles. L'Ukraine doit rétablir le fonctionnement de son système bancaire dans les régions en conflit. Le texte stipule aussi que le contrôle de la frontière doit passer entièrement aux forces de Kiev dans "toute la zone de conflit", après la tenue d'élections locales. Il prévoit de mener des réformes constitutionnelles, dont la mise en place d'une nouvelle Constitution d'ici fin 2015, prévoyant une "décentralisation" des régions de Donetsk et de Lougansk, en accord avec les représentants de ces zones.