Les pourparlers de paix pour l'Est de l'Ukraine se sont achevés samedi à Minsk sans l'accord de cessez-le-feu espéré, ce qui laisse craindre l'intensification des combats meurtriers dans l'est du pays où dix-neuf personnes ont péri en 24 heures. "Les consultations de Minsk sont un échec", a affirmé l'ex-président ukrainien Léonid Koutchma, représentant de Kiev à ces pourparlers, cité par l'agence Interfax-Ukraine. Il a expliqué que les dirigeants des républiques séparatistes, qui avaient signé les précédents accords, n'étaient pas venus à Minsk alors que leurs émissaires "ont refusé de discuter des mesures pour un cessez-le-feu immédiat et le retrait des armes lourdes". L'émissaire de la République autoproclamée de Donetsk Denis Pouchiline a pour sa part reproché à Kiev d'"insister sur la ligne de partage établie en septembre" par les accords de Minsk alors que les séparatistes ont considérablement gagné du terrain depuis. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui participe à ces négociations de même que la Russie avait avant l'ouverture des négociations, espéré la signature d'un accord de cessez-le-feu "contraignant". Les séparatistes avaient menacé, en cas d'échec des négociations, d'élargir leur offensive "jusqu'à la libération totale des régions de Donetsk et de Lougansk", dont une grande partie est toujours contrôlée par le gouvernement de Kiev. Regain des violences après l'échec des pourparlers L'échec des pourparlers de paix entre Kiev et les séparatistes prorusses à Minsk ont laissé craindre l'intensification des combats meurtriers dans l'Est de l'Ukraine où dix-neuf personnes ont péri en 24 heures. L'armée ukrainienne a fait état samedi de combats à Vougleguirsk, dont la conquête par les rebelles signifierait un encerclement quasi-total de Debaltseve. "Le processus de paix est en danger", a écrit dimanche le conseiller diplomatique de la présidence ukrainienne Valeri Tchaly sur sa page Facebook. Selon le chef de la police régionale Viatcheslav Abroskine, Debaltseve et Vougleguirsk sont "privées d'électricité, d'eau, de chauffage et de communications". L'OSCE a accusé dimanche les rebelles de vouloir réviser les accords de paix signés dans la capitale bélarusse en septembre et reconnus par la communauté internationale comme la base du règlement. Les émissaires rebelles "n'étaient pas prêts à discuter de la mise en œuvre d'un cessez-le-feu et du retrait des armes lourdes. A la place ils ont appelé à la révision" des accords de septembre, a déploré l'OSCE dans un communiqué. La diplomatie occidentale apporte son soutien à Kiev Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, se rendra en Ukraine le 5 février pour apporter "un soutien sans failles" à Kiev, avant de participer à la conférence sur la sécurité de Munich où il devrait rencontrer son homologue russe Sergueï Lavrov. L'ambassadeur des Etats-Unis en Ukraine Geoffrey Pyatt a souligné que les Etats-Unis n'avaient "pas épuisé tous les moyens pour faire payer à la Russie le prix" pour son rôle dans le conflit ukrainien, dans un entretien avec l'hebdomadaire ukrainien Dzerkalo Tyjnia paru samedi. L'Union européenne a de son côté accru cette semaine la pression sur la Russie, en prorogeant de six mois les sanctions ciblées prises en mars contre des personnalités séparatistes prorusses et russes, et en allongeant la liste noire des personnes visées par un gel de leurs avoirs et une interdiction de voyager dans l'UE. Accusée d'armer la rébellion dans l'est de l'Ukraine et d'y avoir déployé des troupes, la Russie dément toute implication dans le conflit qui a fait plus de 5.000 morts en neuf mois.