Le président ukrainien Petro Porochenko a ordonné jeudi au gouvernement la fermeture temporaire de ses frontières avec la Russie et a annoncé le dépôt en 2020 d'une demande d'adhésion à l'Union Européenne, au moment où les séparatistes ont annoncé la tenue des élections présidentielle et législatives le 2 novembre dans leur fief. Cette décision, autorisant le gouvernement à fermer temporairement au besoin les 2.000 km de frontières terrestres qui séparent l'Ukraine de la Russie, adoptée fin août par le Conseil de sécurité national et promulguée jeudi par le chef de l'Etat, est prise "en relation avec l'ingérence continue de la Fédération de Russie dans les affaires intérieures de l'Ukraine", précise le texte du décret. Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir la rébellion prorusse, de fournir des armes aux insurgés et d'avoir fini par envoyer en août ses troupes régulières en soutien aux séparatistes qui ont réclamé l'indépendance de ses territoires russophones dans les mois ayant suivi le renversement du président prorusse Viktor Ianoukovitch en février dernier, ce que Moscou dément catégoriquement. Un haut responsable ukrainien de sécurité a expliqué que cette décision doit être mise en œuvre "assez rapidement" et que "l'idée est de faire en sorte que les Russes ne puissent venir en Ukraine que par avion ou en train et non en voiture". "Il est bien plus facile de contrôler les points d'entrée aériens et ferroviaires que ceux pour les voitures et les piétons", afin d'empêcher des "agents subversifs" russes de pénétrer sur le territoire ukrainien, a ajouté le responsable, soulignant qu'"il sera plus compliqué d'amener en voiture" des armes ou des explosifs alors qu'il existe un risque de déstabilisation dans d'autres régions du pays. L'Ukraine demandera son adhésion à l'UE en 2020 L'Ukraine a fait un pas supplémentaire vers l'Occident en annonçant qu'elle allait demander en 2020 son adhésion à l'UE et renoncer prochainement à son statut non-aligné, ce qui ouvrirait la voie à son entrée à terme dans l'Otan. "Je vais présenter" jeudi un programme de réformes dont la mise en œuvre permettra à l'Ukraine "de déposer dans six ans une demande d'adhésion à l'Union européenne", a déclaré le président Porochenko. Il a par ailleurs annoncé avoir chargé le gouvernement de renoncer officiellement au statut de non-aligné de cette ex-république soviétique, mesure ouvrant la voie à son entrée à terme dans l'Otan. M. Porochenko a promulgué par décret une décision en ce sens adoptée fin août par le Conseil de sécurité nationale. Lors de sa visite à Washington la semaine dernière, Petro Porochenko a demandé au Congrès américain que les Etats-Unis accordent à son pays un statut spécial de défense et de sécurité en tant qu'Etat non membre de l'Otan. Les rebelles désireux d'avancer sur la voie de l'indépendance Les rebelles prorusses ont annoncé la tenue des élections présidentielle et législatives le 2 novembre dans les régions russophones de Donetsk et de Lougansk, selon le Premier ministre de cette République autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko. "Nous avons notre conseil suprême et nous décidons nous-mêmes quelles élections organiser et à quelle date", répétant que les élections législatives ukrainiennes du 26 octobre ne seraient pas organisées dans les zones tenues par les rebelles. Ces annonces mettent en lumière la fragilité du processus de paix lancé ces dernières semaines. Si la trêve des combats est globalement respectée, le volet politique concernant l'avenir des régions russophones de l'Est est beaucoup plus problématique. Sur le plan militaire, l'armée et la rébellion continuent le retrait de leurs canons de la ligne de front. En retirant graduellement leurs pièces d'artillerie, les belligérants permettent la mise en œuvre d'une zone tampon de 30 km le long de la ligne de front gelée le 19 septembre. Selon le dernier bilan de l'ONU établi au 21 septembre, le conflit a fait 3.245 morts.