Beauté ■ A l'initiative de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (l'Aarc) et en partenariat avec l'Etablissement Arts et culture, la salle Ibn Khaldoun a accueilli, dans la soirée de jeudi, un époustouflant récital de la musique orientale. Le concert a été animé par la chanteuse jordanienne Macadi Nahhas. Ce concert d'une remarquable poésie et d'une spontanéité, voire émotivité féminine imposante, a marqué le début de la programmation musicale de l'Aarc). La musique par laquelle l'artiste a gratifié son public – malheureusement peu nombreux – était originalité, et celle-ci tient de l'introduction de formes modernes dans les phrasés musicaux. En d'autres mots, avec un air mêlant à la musique moyen-orientale (libano-jordanienne) influences jazz et rythmes cubains, Macadi Nahhas, avec une touche intuitive et d'une manière appréciable, a porté des mélodies modernes au folklore unique. Ainsi, le traditionnel a fait corps de manière habile, parfaite avec le moderne, créant une ambiance aérée et ouverte aux autre cultures musicales, donc éclectiques. Samer Barakat, au qanun et Mohamed Farag au nay (flûte orientale) ont bien fusionné avec le chef d'orchestre Rami Attallah au piano, Samer George à la basse et Mostefa El Kerdani à la batterie. Un mélange des genres (Bossa nova, Tango, Salsa, Jazz, orientale) très apprécié s'en est alors résulté. Macadi Nahhas a aussi partagé avec l'assistance, toute ravie, prêtant une ouïe attentive à une suave et chaude, porteuse de sérénité et de réconfort, un florilège de pièces de son répertoire riche en sonorités et aux airs pétris de touches contemporaines. Sa voix, délicate, pleine de sagesse et de douceur, plaît, enchante. Et c'est dans une ambiance presque soufie qu'elle a transporté le public – avec une voix miellée, caramélisée, lénifiante – dans des univers épurés, ces contrées où l'onirisme est favorisé et où sa magie s'opère avec une remarquable grandeur poétique. Sa musique, exceptionnelle et qui provoque un bien-être intérieur, est un moment privilégié, de méditation, de contemplation. Elle est aussi un moment de réflexion, d'engagement puisque Macadi Nahhas, avec un talent d'une grande sensibilité artistique, chante pour la liberté et la dignité humaine où elle nous ramène -toujours avec sa voix sensuelle et velours, une voix pareille à une source d'eau douce et fraiche qui irrigue l'ouïe et abreuve, étanche l'âme assoiffée de belles sonorités, bellement ciselées – au bon vieux temps de la musique magique arabe. Ainsi, le public a pu apprécier, près d'une heure et demie durant, la pureté et la présence vocale de Macadi Nahhas, apparue sur scène en tenue traditionnelle algérienne avec un haut brodé, façon «Karakou» et un pantalon «Chelqa», aux ouvertures latérales. Yama Mwel El Hawa, Biki dam, Enta El Hala, Nathalie, Lamma Bada Yatathanna, Leila (Salsa), Ana El Habibi (slow / jazz, piano-voix), Rah Nesbor Bokra Aannek (rythme oriental), Mawtini, Cho Qanet Hilwa El'Layali (bossa) sont autant de chansons joliment interprétées par Macadi Nahhas et dont l'interprétation vocalique très distinguée a été appréciée par le public, unanime à l'applaudir.