Scène ■ «El Makhlouê» (Le déchu), une pièce mise en scène par Tarek Acheba sur un texte de Linda Oualhi, a été jouée, hier, sur les planches du TNA. La pièce, une comédie noire, mêlant rire et dérision, une pièce à la limite du tragique, raconte l'histoire d'El Hocine, un chef d'Etat. Alors qu'il est au faîte de son pouvoir, il se retrouve, par un retournement de situation, contraint de se cacher, car sa tête a été mise à prix par des putschistes, assoiffés de pouvoir qui veulent le renverser. Son épouse enceinte lui fait part de sa grande inquiétude pour l'enfant qu'elle attend, qu'il ne puisse plus jouir de tous les privilèges qu'elle a toujours eus par le passé. Alors que l'on passe son temps à compter et à nourrir en soi le sentiment de l'intérêt personnel, le personnage d'un juif manipulateur s'affaire à empoisonner davantage les relations, s'attaquant à la hache au patrimoine ancestral. La femme du Président sentant la fin de son mari, va comploter contre lui pour le donner à ses bourreaux et empocher la rançon. S'exprimant sur la pièce, Tarek Acheba, le metteur en scène, dit : «Le nœud gordien de la pièce est la fuite du président déchu tunisien Zine El Abidine Ben Ali, son épouse Leïla Trabelsi et de leur gouvernante Zineb. Une série d'aventures amusantes rehaussera l'œuvre, qui est d'une grande intensité comique. Nous avons voulu émettre des messages sociopolitiques qui s'adaptent à toutes les sociétés : algérienne, magrébine, arabe et occidentale.» Trois comédiens professionnels – tous sont issus de l'ISMAS (Institut supérieur des métiers des arts du spectacle) évoluent avec justesse sur scène, rendant leur jeu convaincant et captivant. Un jeu prenant forme et évoluant dans une scénographie qui, elle, raconte l'histoire, même si elle est sobre. En dépit de sa composition stylée, la scénographie se révèle efficace, puisqu'elle renvoie à l'expressivité du texte. Ainsi, l'éclairage, le décor et la musique, le tout, composé dans une recherche subtile de la forme et du contenu, a rehaussé le jeu de plusieurs tons et a rendu la présence scénique des comédiens pertinente, accrocheuse – autrement dit, ils ont bien exploité les espaces et porté le texte écrit dans des échanges directs, entretenant la dualité et l'intrigue dans un rythme ascendant et soutenu. Tout cela donne du crédit à la pièce et a servi la vision du metteur en scène. Toute la dramaturgie du texte, ses moments forts ont été illustrés avec éclat. Notons que cette pièce sera jouée au Festival national du théâtre féminin d'Annaba, au Festival du rire de Médéa, au Festival national du théâtre professionnel et lors de l'évènement «Constantine, capitale de la culture arabe 2015 ». Elle sera probablement représentée en Tunisie et en Jordanie. Produit par la Coopérative Port-Saïd, fondée depuis près de quatre ans, le spectacle El Mekhlouê vient s'ajouter à d'autres montés par la coopérative, dont les portes ont toujours été ouvertes à tout bon projet, à l'instar des pièces, Amar Bouzouar, Wazir Ourabbi K'Bir, et Montserrat, écrites par Emmanuel Roblès.