La générale de la pièce de théâtre «El Makhlouâe» (le réprouvé), drame social à la forme tragi-comique, a été présentée mercredi à Alger, mettant à nu l'absence de relations sociales entre individus, causée par l'envie démesurée de servir son intérêt personnel. Mis en scène par Tarek Achba sur un texte de Linda Oualâa, le spectacle aborde, dans le rire et la dérision, les méfaits de l'envie effrénée de s'enrichir, source de conflits pouvant faire basculer l'existence de tout individu à tout moment, dans l'incertitude, la déchéance et la fatalité. Dans l'humour noir et la caricature, le spectacle, d'une durée de 70mn, rappelle au public, relativement nombreux, de la salle Mustapha Kateb du Théâtre national Mahieddine Bachtarzi, le danger que représente le sentiment de cupidité au sein de la famille et de la société. Le personnage d'El Hocine Ould M'barka (campé par Sifeddine Berkani), à la tête d'un pays, se retrouve contraint de se cacher, car sa tête a été mise à prix par des putschistes, assoiffés de pouvoir qui veulent le renverser. Son épouse enceinte, campée par Lamia Kohli, lui fait part, dans l'amertume et le regret de sa grande inquiétude pour l'enfant qu'elle attend, qu'il ne puisse plus jouir de tous les privilèges qu'elle a toujours eu par le passé. Alors que l'on passe son temps à «compter» et à nourrir en soi le sentiment de l'intérêt personnel, le personnage d'un juif manipulateur, incarné par Mohamed Laouadi, s'affaire à empoisonner davantage les relations, s'attaquant à la hache au patrimoine ancestral. L'épouse d'El Hocine Ould M'Barka sentant la fin de son mari, va comploter contre lui pour le «donner» à ses bourreaux et empocher la rançon. Pour ce faire, il faudra arriver à déjouer la vigilance de Zennouba, garde du corps du président, rendu par Zineb Ahmadou, une scène presque nue, au décor unique renvoyant au patrimoine et à l'authenticité, les comédiens, aux costumes décalés, ont bien exploité les espaces et porté le texte écrit dans des échanges directs, entretenant la dualité et l'intrigue dans un rythme ascendant et soutenu. La musique, à la limite de l'illustration, a bien servi la vision de Tarek Achba, qui a opté pour la forme comique, grotesque et caricaturale, car pour lui, «La comédie reste le registre théâtral le plus proche du c£ur des gens». L'éclairage, également concluant dans son ensemble, a réussi à créer les atmosphères nécessaires aux différentes situations du spectacle. Produit par la Coopérative Port Saïd, fondée depuis près de quatre ans, le spectacle «El Mekhlouâe» vient s'ajouter à d'autres spectacles montés par la coopérative -dont les portes ont toujours été ouvertes à tout bon projet- à l'instar des pièces, Amar Bouzouar, Wazir Ourabbi K'Bir, et Montserrat, écrite par Emmanuel Roblès.