Toujours inconsolables, un demi-siècle après Réalité - Aussi surprenant que cela puisse paraître, il existe toujours des partisans de l'Algérie française en France, plus d'un demi-siècle après l'indépendance de notre pays. «Il y a effectivement en France une mémoire des partisans de l'Algérie française. Aussi étonnant que cela soit, elle ne s'est pas effacée avec le temps. Le renouvellement des générations et la disparition des témoins n'y font rien», a affirmé à ce propos l'historien Benjamin Stora dans un entretien accordé à l'hebdomadaire panafricain Jeune Afrique en septembre 2013. Certes, ceux-ci ne se comptent pas par millions, mais ils sont «très actifs» et «bénéficient de la crise idéologique de la droite traditionnelle. Cette dernière, fondée en grande partie sur le gaullisme, s'était érigée en opposition avec l'extrême droite, hostile à la décolonisation. Cette frontière-là s'étant affaiblie, des réseaux jusque-là marginalisés ont acquis une très grande force», a poursuivi le natif de Constantine. Leur influence dans certaines villes du sud de l'Hexagone est telle que l'on est en droit de se poser la question pour savoir s'ils ne sont pas directement responsables de la montée du racisme et de la propagation de l'islamophobie au cours des dernières années. Une chose est certaine en tout cas, là où ces nostalgiques de l'Algérie française sont fortement établis, l'extrême-droite représentée par le Front national, dont le fondateur, Jean-Marie Le Pen, n'a jamais caché son opposition à l'indépendance de l'Algérie, réalise de bons scores lors des élections locales et nationales. Mais qui sont ces fervents défenseurs du colonialisme ? Il s'agit, pour la plupart, de pieds-noirs qui ont quitté l'Algérie au lendemain de l'Indépendance ainsi que leurs descendants, d'anciens membres de l'Organisation de l'armée secrète (OAS), de militaires qui ont fait la guerre d'Algérie et de harkis. N'ayant jamais gobé leur départ de l'Algérie qu'ils considèrent encore aujourd'hui comme leur «chère patrie», ils ne ratent aucune occasion pour fustiger l'«abandon» par la France de son ancienne colonie et de s'en prendre à tout ce qui symbo-lise l'Algérie indépendante. Sur ce registre, il y a lieu de rappeler que la participation symbo-lique de l'Algérie au défilé du 14-Juillet, l'été dernier, a soulevé le courroux de ces groupuscules qui ont multiplié les communiqués de dénonciation de la «trahison» et de la «repentance» de François Hollande. «Le président de la République a fait le choix d'une démarche idéologique qui n'a pour seul résultat que de raviver les blessures et les fractures de la nation et de marquer le mépris de l'Etat pour la douleur et les souffrances des pieds-noirs et des harkis», a écrit à ce propos le Cercle algérianiste, qui milite pour «la sauvegarde, la défense et la transmission de l'histoire et de la mémoire des Français d'Algérie».