Dès que la mariée franchit le seuil de sa nouvelle demeure, les femmes l?accueillent avec beaucoup d?allégresse. Debout devant la porte, la mère du fiancé où une de ses vieilles tantes agite un foulard rouge en signe de bienvenue, pendant que toute la maisonnée entame le rituel : «Heli elle bab ia oum el ariss, el farh jek lioum» (ouvre la porte, mère du marié, le bonheur est venu aujourd?hui). La mariée est installée à la place d?honneur, tournée vers la qibla, La Mecque. Toutes les femmes de son cortège prennent place. Elles aussi sont venues vêtues de leurs gandouras de velours brodées de fil d?or. Les bracelets, les ceintures d?or et les colliers scintillent. Les jeunes filles portent des robes de soirée. La mariée, elle, ressemble à une belle fleur blanche dans sa robe, le visage recouvert d?un léger voile d?organza. C?est le moment le plus fort de la fête. On chante Ya marhaba bâroussetna, on tape des mains, le rythme est donné par une derbouka tenue par une jeune fille. Puis, on place les meidas devant chaque groupe de femmes, on sert les boissons avec des sablés, puis vient le moment de servir le café, accompagné de gâteaux : baklawas, makrouts, etc. servis dans de grandes assiettes, où chacune va puiser à sa guise. La mariée, accompagnée d?une ou deux amies intimes, se retire dans sa chambre. Ce sont toujours les femmes qui dînent les premières, car elles doivent rentrer et laisser la mariée avec une ou deux parentes. Place au marié. A l?endroit réservé aux hommes, l?orchestre entonne ses premiers accords, les tables sont dressées. C?est la joie, les jeunes dansent, les plus âgés discutent. Au fil des heures, la rechka tombe sur la table de l?orchestre. Le café et les boisons coulent à flots. Puis, c?est le dîner, le service est assuré par des jeunes de la famille qui entrent dans la cuisine pour prendre les plateaux. Derrière un rideau, les femmes poussent des youyous. L?instant est solennel. La musique s?amplifie. La vieille commence par le marié. Elle enduit son index de henné puis elle l?entoure d?un petit morceau de tissu blanc. Ensuite, c?est au tour des amis et des jeunes hommes présents. C?est un porte-bonheur pour tous. Des billets de banque sont glissés dans le corsage de la vieille dame en guise de remerciements, et la fête reprend jusqu?au petit matin. Cet heureux événement coûte en général la bagatelle de 50 millions de centimes.