Le maréchal Randon, après une trêve, finit par conquérir la Kabylie. Un arc de triomphe dressé à Larbaâ Nath-Irathen porte la date de 1857. C'est celle où la résistance est vaincue. Lalla Fatma , amoindrie, à bout de forces, se réfugie au village de Thaourirth (ou Thakhlijth) Ath Atsou, en contrebas du col de Tirourda. Surplombant ce village, un mémorial délabré surgit près d'un détachement militaire au lieudit Tizi l'jama. Le monument est toujours inachevé à ce jour. «Dans ce village, il y avait beaucoup de femmes et le délateur qui a vendu Fatma ne la connaissait pas. Elle s'est rendue de son plein gré pour épargner la vie des autres femmes.» Cette femme de feu disait aux autres femmes : «Maculez-vous de cendres pour cacher votre beauté et préserver votre honneur.» Traînée dans la tente d'un maréchal Randon impatient de connaître cette mystérieuse prêtresse qui lui avait tenu si ardemment tête, ce dernier lui demande : «Qu'avez-vous à vous battre pour un pays si inclément ?» Sa réponse est cinglante : «Ces montagnes nous ont appris l'honneur !» «Randon était si ébranlé en entendant cela qu'il en a versé des larmes.» Le maréchal Randon la surnommera «La Jeanne d'Arc du Djurdjura». Lalla Fatma N'Soumeur sera déportée vers un camp militaire dans les Issers avant d'être incarcérée à Tablat. C'est d'ailleurs là-bas qu'elle trouvera la mort en 1863, à l'âge de 33 ans, après six ans de détention. La chronique rapporte qu'elle est morte de chagrin pour son peuple et pour son pays. Détail sidé-rant : il a fallu attendre l'année 1995 pour voir ses ossements rapatriés à El-Alia dans l'indifférence générale, un 8 mars 1863-1995. Il aura donc fallu 132 ans pour que Fatma n'Soumeur ait sa place au Carré des martyrs. F. H.