Mise au point. Le président russe Vladimir Poutine et le guide suprême d'Iran, l'ayatollah Khamenei, les deux grands alliés du gouvernement syrien, ont affiché hier lundi à Téhéran, leur entente parfaite pour rejeter toutes «tentatives extérieures de dicter» son avenir à la Syrie. A l'issue d'une rencontre de plus d'une heure et demi, «les deux parties ont souligné l'unité de points de vue entre Moscou et Téhéran concernant le caractère inadmissible des tentatives extérieures de dicter les scénarios du règlement politique du conflit en Syrie», a déclaré un porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Selon des images retransmises par la Chaîne de télévision Rossia-24, le président Poutine a déclaré lors de la rencontre que «personne ne peut et ne doit imposer de l'extérieur au peuple syrien des formes quelconques de gouvernance de leur Etat ou dire qui doit le diriger. Ce n'est qu'au peuple syrien d'en décider». Il s'agit clairement d'une fin de non-recevoir à la demande des Etats-Unis, de la France, de l'Arabie saoudite et de la Turquie qui exigent à terme le départ du président Bachar al-Assad. Selon Ali Khamenei, «le plan à long terme des Américains est de dominer la Syrie et ensuite prendre le contrôle de la région». C'est, selon lui, «une menace (...) en particulier pour la Russie et l'Iran». Il a estimé que Bachar al-Assad «est le président légal et élu par le peuple syrien» et «les Etats-Unis n'ont pas le droit d'ignorer ce vote et ce choix». Si «les terroristes ne sont pas anéantis (...) ils vont étendre leurs activités destructrices en Asie centrale et dans d'autres régions», a-t-il conclu sur son site officiel. L'ayatollah Khamenei est la plus haute autorité politique et religieuse d'Iran, mais également chef suprême des armées. Les deux dirigeants ne s'étaient pas revus depuis 2007. Réunies à Vienne mi-novembre, une vingtaine de puissances dont la Russie, les Etats-Unis et l'Iran se sont fixés comme objectif ambitieux de parvenir à des pourparlers de paix avant le 1er janvier, mais demeurent divisés sur le sort de Bachar al-Assad. La Russie et l'Iran ont permis à l'armée syrienne de reprendre du terrain face aux rebelles. La Russie mène depuis le 30 septembre une campagne aérienne contre les groupes rebelles en Syrie et a intensifié récemment ses bombardements contre des positions de l'organisation djihadiste Etat islamique (EI). L'Iran apporte pour sa part au gouvernement syrien une assistance militaire, notamment par l'envoi de «conseillers» et de «volontaires» sur le terrain, dont une cinquantaine sont morts depuis plus d'un mois dans un conflit qui a fait depuis 2011 quelque 250 000 morts. R. I. / Agences Lutte contre l'EI : Hollande mobilise ses alliés Dix jours après les attentats de Paris, le président François Hollande a engrangé, hier lundi, le soutien de Londres à sa lutte contre le groupe Etat islamique (EI), que des chasseurs-bombardiers français ont frappé en Irak à partir du porte-avions Charles de Gaulle. «Nous allons intensifier nos frappes (contre l'EI), choisir des cibles qui feront le plus de dégâts possible», a prévenu M. Hollande, après une rencontre avec le Premier ministre britannique David Cameron, qui marquait le début d'une semaine d'intenses contacts avec les partenaires permanents de la France au Conseil de sécurité de l'ONU. Pour convaincre les grandes puissances de s'allier pour «détruire» l'organisation djihadiste, à travers une coalition internationale «unique» contre l'EI en Syrie et en Irak, le président français met les bouchées doubles : il rencontrera, aujourd'hui, à Washington Barack Obama, demain à Paris la chancelière allemande Angela Merkel, jeudi à Moscou Vladimir Poutine, et dimanche à Paris le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et Xi Jinping, le Président chinois.