A l?école, il y a les bons élèves et les cancres. Si on n'a pas besoin de nommer les premiers ? on dit simplement ya'ref yeqra (il étudie très bien) ? on montre les mauvais du doigt. Et ce ne sont pas les qualificatifs qui manquent pour les désigner ! Le mot le plus courant, dans la bouche des enseignants comme dans celle des parents, est vwayu prononcé autrefois fwayu : c'est le mot français voyou avec ses différentes significations : «garçon mal élevé, vaurien, mauvais sujet», auxquelles on ajoute celle de «cancre». Nos grands-parents utilisaient, eux, un autre mot français, «sauvage», prononcé souvent sufaj ; le sauvage dont il s'agit est celui qui refuse de se plier aux lois de l'école, qui n'obéit pas à ses maîtres et surtout refuse de travailler... L'épithète était également appliquée, dans les années 1960, aux enfants difficiles qui avaient des tenues délurées ou portaient des cheveux longs? Le mot est resté mais on ne l?applique plus aux cancres. Aujourd'hui, le terme le plus courant est twaychi, du verbe cIassique t'âcha qui signifie «être léger, volage, inconstant, étourdi» avec comme dérivés, dans la langue cIassique, t'ayche (légèreté, inconstance). La langue populaire, elle, a juste tiré t'wayech (indiscipline). Le twaychi est un garçon (il y a des filles twaychiya, mais elles sont rares) se met souvent au fond de la cIasse : non seulement, il ne travaille pas, mais il passe également son temps à perturber la classe, en faisant du bruit dès que le maître a le dos tourné. Il pousse aussi ses camarades à se comporter comme lui. Il est grossier à souhait, bagarreur et il manque de respect à ses enseignants. Le twaychi, on l'aura compris, ne fait pas de vieux os à l?école, ou comme le disent aujourd'hui les jeunes, «ikessar stilo ta'û belkhef» (il casse très vite son stylo), c'est-à-dire il se fait renvoyer !