Un collectif de personnalités chrétiennes a publié, lundi, une tribune dans La Croix pour dénoncer le silence de nombreux chrétiens et responsables politiques français face aux massacres à Ghaza, appelant la France à « retrouver son âme ». Les signataires – universitaires, élus, religieux ou anciens hauts fonctionnaires – s'alarment de l'inaction persistante face à une tragédie « suivie en direct » depuis vingt mois. « C'est la première fois qu'on peut assister, en temps réel, à l'extinction programmée d'un peuple », écrivent-ils. Ils pointent le contraste entre l'émotion populaire et la « passivité coupable » des décideurs, en particulier dans les milieux politiques censés porter un héritage de solidarité envers les chrétiens d'Orient et les peuples opprimés. Mais c'est surtout le silence de « tant de chrétiens » que le texte juge insupportable. « L'Evangile ne peut être indifférent à la souffrance infligée sur la terre où a vécu le Christ », soulignent les auteurs. Les auteurs estiment que ce silence équivaut à une forme de complicité. Ils s'inquiètent de la perte de repères moraux d'une France qui, selon eux, trahit sa mission historique de défense du droit et de la justice au Proche-Orient. « Une France qui se tait perd son âme », affirment-ils. Dans un appel direct, ils exhortent le pays à retrouver la voix indépendante qui fut la sienne au temps du général de Gaulle. « France, réveille-toi ! Reviens à ta vocation ! », concluent-ils, appelant à une mobilisation politique et spirituelle face à l'horreur. Les signataires alertent aussi sur les conséquences intérieures de cette inaction. Selon eux, le désespoir provoqué par le drame gazaoui nourrit un profond sentiment d'injustice chez de nombreux Français, notamment parmi ceux de culture ou de foi musulmane, risquant de fragiliser davantage la cohésion nationale. Cet appel, porté par des voix chrétiennes, mérite d'être salué. Il rappelle que la foi en Dieu, lorsqu'elle est sincère, ne peut être indifférente à la souffrance humaine, quelle que soit l'origine ou la religion des victimes. En cela, la solidarité dépasse les frontières, les appartenances, et s'affirme comme un devoir spirituel autant que citoyen.