Déclaration n «L'EI ne parle pas au nom de l'islam, ce sont des voyous, des tueurs», a indiqué le président américain dans une rare allocution depuis le bureau ovale. Obama a aussi appelé hier, dimanche, à considérer les musulmans comme des «alliés» plutôt qu'à «les repousser à travers la suspicion ou la haine». Pour autant, a-t-il souligné avec force, les musulmans doivent aussi assumer leurs responsabilités et lutter sans chercher d'excuses contre les «idéologies extrémistes» qui ont progressé au sein de certaines de leurs communautés. Reconnaissant que nombre d'Américains se demandaient s'ils étaient face à «un cancer» sans traitement, le président des Etats-Unis a appelé ses compatriotes à ne pas céder à la peur ou à la tentation de stigmatiser les musulmans. «Les Américains musulmans sont nos amis, nos voisins, nos collègues, nos héros sportifs. Oui, ils sont nos hommes et nos femmes en uniforme qui sont prêts à mourir pour la défense de notre pays», a ajouté Obama dans son discours, destiné à rassurer les Américains après l'attentat meurtrier en Californie. «Nous ne réussirons pas si nous abandonnons nos valeurs ou si nous cédons à la peur», a martelé Obama, soulignant que, en tant que père de famille, il comprenait l'inquiétude de nombre de familles américaines après la fusillade de San Bernardino. «Si on veut réussir à vaincre le terrorisme, nous devons mobiliser les communautés musulmanes comme des alliés», a-t-il enchaîné. Dans son allocution, le président américain s'est engagé à traquer les terroristes partout où ils se trouvent et a tenté de rassurer la population américaine tout en affichant sa fermeté. «La menace du terrorisme est réelle, mais nous la vaincrons. Nous détruirons l'EI et toute autre organisation qui chercherait à nous nuire», a-t-il lancé. «Il n'y a pour l'instant aucune indication que les tueurs aient été dirigés par un groupe terroriste depuis l'étranger», a assuré le chef de l'Etat américain, quatre jours après une fusillade meurtrière perpétrée par un couple musulman radicalisé qui a fait 14 morts en Californie. «Mais il est clair que ces deux personnes avaient suivi la voie délétère de la radicalisation», a-t-il ajouté. Il a appelé notamment les groupes de technologie à rejoindre la lutte contre l'EI, à la propagande très active sur les réseaux sociaux. Les Etats-Unis ne se laisseront pas entraîner dans une guerre terrestre en Irak et en Syrie, a-t-il aussi dit. Une coalition dirigée par les Américains mène une campagne de frappes aériennes contre l'EI en Syrie et en Irak depuis plus d'un an. Le président américain a enfin appelé le Congrès à légiférer pour renforcer le contrôle sur les armes individuelles, les tueurs de San Bernardino ayant facilement et légalement pu se constituer un véritable petit arsenal. Il s'est exprimé après s'être vu reprocher de ne pas avoir pris les mesures qui auraient permis d'éviter le bain de sang commis par Syed Farook et Tashfeen Malik. R.I. /Agences Sondage : Obama peine à convaincre ! l A un an de son départ de la Maison-Blanche, le président américain peine à convaincre du bien-fondé de sa stratégie. Selon un sondage CNN/ORC rendu public hier dimanche juste avant son allocution présidentielle, 68% des Américains jugent que la réponse militaire face à l'EI n'a pas été assez agressive. Selon ce sondage, réalisé avant la fusillade de San Bernadino, 60% des personnes interrogées (contre 51% en mai) désapprouvent la façon dont le président fait face à la question du terrorisme. Discours historique mais décevant l Les adversaires républicains du président américain ont été prompts à dénoncer l'absence d'annonces nouvelles. «L'ennemi s'adapte, nous devons le faire aussi. C'est pourquoi ce que j'ai entendu ce soir était si décevant : pas de nouveau plan, juste une tentative peu convaincante de défendre une politique vouée à l'échec», a réagi le président de la Chambre des représentants. «C'est tout ?», a ironisé le magnat de l'immobilier Donald Trump sur Twitter. «Il nous faut un nouveau président, et vite !», a ajouté celui qui caracole en tête dans la course à l'investiture républicaine. «C'est la guerre de notre génération. Nous avons besoin d'un commandant en chef qui soit capable de mener notre pays à la victoire», a souligné de son côté Jeb Bush, l'un de ses rivaux. L'attaque en Californie avait déjà enflammé le débat politique aux Etats-Unis, à moins de deux mois des primaires présidentielles de 2016. Les Républicains comme de nombreux autres observateurs ont dénoncé la politique sécuritaire d'Obama, en affirmant que son administration devrait changer de cap en matière de lutte antiterroriste. Un ancien haut responsable chargé de la lutte contre le terrorisme au département de la Sécurité intérieure, a déclaré que l'administration Obama avait «besoin de se réveiller» pour changer une approche de lutte «mal adaptée» pour faire face à ce genre d'attaques. D'autres observateurs ont cependant mis en garde contre une réaction excessive contre les musulmans pouvant conduire à une colère et une aliénation qui constitue souvent un potentiel pour le recrutement des terroristes. R.I./Agences Besoin d'une nouvelle approche antiterroriste Le discours d'Obama n'a pas annoncé un changement dans la stratégie de lutte contre le terrorisme, tel qu'anticipé par la presse à Washington mais a contenu des messages d'assurance au peuple américain pour ne pas céder à la peur. La fusillade perpétrée mercredi passé à San Bernardino a néanmoins relancé le débat aux Etats-Unis sur la nécessité d'instaurer un contrôle plus strict sur la vente des armes à feu et de réévaluer la stratégie américaine de lutte antiterroriste. Une nouvelle fois, mais sans réel espoir d'être entendu, le président américain a appelé le Congrès à légiférer pour renforcer le contrôle des armes individuelles, les tueurs de San Bernardino ayant facilement et légalement pu se constituer un véritable arsenal. La tuerie semble refléter une évolution de la menace terroriste qu'Obama et les responsables fédéraux ont longtemps redoutée, estiment des observateurs. C'est une nouvelle étape dans la menace terroriste ou des extrémistes parviennent à externaliser leurs actions pour attaquer les Etats-Unis sur leur sol, a estimé Jeh Johnson, secrétaire américain à la Sécurité intérieure. «Ces menaces nécessitent une nouvelle approche de lutte», a-t-il affirmé. Fusillade en Californie : l'acte terroriste confirmé l Le président des Etats-Unis a confirmé hier dimanche que la fusillade en Californie était un acte terroriste. Il a indiqué que cet acte semble être inspiré et non pas dirigé par les membres de l'organisation autoproclamée Etat islamique (EI/Daech) qu'il qualifie, par ailleurs, «d'une partie du culte de la mort». Il a relevé que la dernière attaque terroriste révélait une autre étape dans l'évolution de la menace terroriste. «Mais il est clair que ces deux personnes avaient suivi la voie délétère de la radicalisation», a-t-il ajouté. Ce couple de musulmans, disposant de fusils d'assaut, de milliers de munitions et d'engins explosifs, a arrosé de balles un déjeuner de Noël rassemblant des collègues de Farook, faisant 35 victimes dont 14 morts. Ils ont ensuite été abattus par la police. Le FBI a trouvé chez le couple «des signes de radicalisation» et une «inspiration potentielle par des organisations terroristes étrangères», mais rien n'indique qu'ils faisaient partie d'un réseau organisé ou d'une cellule, a insisté le chef du FBI qui a souligné la «minutieuse préparation» des tueurs. Les autorités étudient une page du réseau social Facebook sur laquelle le couple aurait fait acte d'allégeance au groupe EI.