Challenge n Chaque année, le besoin des chantiers de construction en ciment est estimé à 4 millions de tonnes supplémentaires… Parmi les préoccupations majeures que suscite la conjoncture économique caractérisée par la chute des prix du pétrole : le devenir des programmes de logements. «Priorité» pour le gouvernement, et à l'heure où le pays poursuit une politique d'investissement de grande ampleur dans le secteur, la pression ne cesse pas de s'accentuer sur la consommation de ciment, qui enregistre une croissance annuelle de près de 5%. Et le déficit de 4 millions de tonnes par an de cette matière n'est pas là pour rassurer… Pour autant, les leaders du secteur assurent être en mesure de relever le défi... Petit tour d'horizon. L.S. A la recherche de l'or gris Un facteur des plus préoccupants, si on considère le sujet hautement sensible qu'est le logement. D'autant que le gouvernement s'est voulu clair sur la question, en réitérant son engagement à résorber la crise du logement. Le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, n'avait d'ailleurs pas manqué récemment de réaffirmer cette position lors d'une intervention à la Radio nationale, en indiquant que «les dépenses de l'Etat en matière de logements ne s'arrêteront pas». «La crise du logement doit être résorbée. C'est une priorité», avait-il alors indiqué, ajoutant que «tous les programmes de logements, AADL, LPP et LPA, seront maintenus malgré le contexte économique actuel», caractérisé par une chute des prix du pétrole». «Nous avons l'espoir, comme annoncé par le Premier ministre, d'être un pays émergent à très bref échéance et les investissements que nous sommes en train de faire concourent totalement à cela» avait-il conclu. Dont acte. Si le gouvernement s'engage à maintenir ses investissements, la problématique que pose le déficit en ciment estimé à plus de 4 millions de tonnes/an, lui, préoccupe les acteurs. Une situation à laquelle le Groupe industriel des ciments d'Algérie (GICA) promet de répondre avec l'entrée en production en fin 2016 de deux nouvelles extensions de cimenteries à Sétif et Chlef. «Ce déficit pourra être résorbé une fois les extensions réalisées dans les cimenteries de Aïn Kébira à Sétif (plus de 2 millions de tonnes/an) et de Chlef (2 millions de tonnes/an)», indiquait à ce propos le responsable du groupe. Dans cet ordre d'idée, Ahmed Souidi, chef de division au sein de ce groupe public, lors d'une journée technique organisée dans le cadre du Salon «Batiwest Algérie 2015», indiquait que «nous sommes sur le point de signer un contrat avec un partenaire étranger pour l'extension des cimenteries de Zahana (Mascara) et de Beni Saf (Aïn Témouchent). Des projets en étude, qui pourront générer une capacité additionnelle de 3,5 millions de tonnes/an», a souligné M. Souidi. Actuellement, le groupe, composé de 23 filiales, totalise une production annuelle de 11,5 millions de tonnes avec un objectif de 15,5 millions de tonnes à fin 2016 et 18,5 millions en 2018. Quant aux projets de nouvelles cimenteries, leur capacité totale de production sera de 3 millions de tonnes/an de ciment. Il s'agit de deux cimenteries de Sigus (Oum el Bouaghi) et de Béchar, qui entreront en production en novembre 2018. «Nous comptons sur une stratégie pour nous mettre à l'international dès résorption du déficit actuel», a-t-il déclaré. Lyes Sadoun Lafarge Algérie, l'autre parade Un autre acteur est attendu pour l'année prochaine afin d'apporter sa pierre à la résorption de ce déficit. En effet, 2016 connaîtra l'entrée en production de la cimenterie, créée en joint-venture en 2014 entre le groupe «Lafarge Algérie» et l'entreprise privée algérienne Souakri, à Biskra. Lors de la présentation du groupe aux journalistes à l'usine de Oggaz (Mascara), le directeur des affaires publiques et de communication à Lafarge Algérie, Serge Dubois, avait indiqué à la fin du mois écoulé, que cette cimenterie produira 2,7 millions de tonnes par an, portant la production globale du groupe à plus de 11 millions de tonnes/an. Actuellement, la production globale du groupe Lafarge Algérie, composé de deux cimenteries à M'sila et Oggaz (Mascara), est de 8,7 millions t/an. Lafarge Algérie détient également, en partenariat avec le Groupe public industries ciments d'Algérie (GICA), la cimenterie de Meftah (1 million t/an). «Nous comptons investir en 2016 pour l'ensemble de nos activités: ciment, plâtre, béton prêt à l'emploi, granulats et notre chaîne de supermarchés Batistore. Un plan d'investissement très ambitieux de près 300 millions d'euros investis en Algérie», a-t-il encore souligné. Le groupe propose des solutions très efficaces pour accompagner le secteur des travaux publics, spécialement celui des routes, en favorisant l'utilisation des matériaux locaux, principalement pour la stabilisation des sols, le retraitement des chaussées, dont la solution de la chaussée rigide, qui est «innovante de revêtement routier», a-t-il ajouté. S'agissant de l'usine Lafarge ciment Oggaz (LCO), il a indiqué qu'elle produit le ciment gris à échelle de 3,2 millions tonnes/an, mais aussi du ciment blanc. Lafarge Algérie a mis en place un programme important pour l'éxtension de l'investissement en Algérie, notamment la réalisation de 5 nouvelles centrales à béton et 5 nouvelles structures de mortier béton en 2016 et l'acquisition d'un 3e four en août 2016, ainsi que l'inauguration fin 2015 de 20 points de vente des matériaux de construction, selon le même responsable. L. S. Matériaux de construction : en chiffres l La facture d'importation des matériaux de construction a enregistré une nette baisse sur les neufs premiers mois de 2015, mais les quantités importées ont reculé à un rythme plutôt lent. La facture d'importation de ces produits s'est ainsi établie à 1,9 milliard de dollars (Md USD) entre janvier et septembre 2015, contre 2,62 Mds USD à la même période de 2014, en baisse de 27,4%, selon les derniers chiffres communiqués par les Douanes. Quant aux quantités importées, elles se sont établies à 8,04 millions de tonnes sur les trois premiers trimestres, contre 8,39 millions de tonnes, en baisse de 4,8% seulement. La baisse du montant des importations en valeur a continué à toucher l'ensemble de la composante des importations de ces matériaux : ciment, bois, produits en céramique, fer et acier, note le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis). Ainsi, la facture des importations des ciments (non pulvérisé, portland, alumineux, hydraulique...) a atteint 352,32 millions USD (4,8 millions tonnes) contre 448,32 millions USD (4,9 millions tonnes), soit une baisse de 21,41% en valeur et un recul de 2,11% en quantité.