Figure n La chanson algérienne vient de perdre un de ses monuments qui ont bercé plusieurs générations. Il s'agit de Taleb Rabah, qui nous a quittés, hier, à l'âge de 85 ans suite à une longue maladie. Sa dépouille a été acheminée de sa demeure familiale de la nouvelle ville de Tizi Ouzou jusqu'à la maison de la culture Mouloud-Mammeri où elle a été exposée à ses fans et de nombreux artistes à l'image de Taleb Tahar, Ali Meziane, Merzouk Chikhi, Salah Maâmar, Mohamed Chennoun…. qui ont pu ainsi lui rendre un dernier hommage. La Direction de la culture a décrété trois jours de deuil et l'ensemble des activités culturelles sont suspendues suite au décès de Taleb Rabah. Né en 1930 au village de Tizit, dans la localité de Aïn El-Hammam Taleb Rabah a émigré en France en 1950, à l'âge de 20 ans et y travailla dans la région ouvrière et minière de Moselle. Il chanta dans des cafés kabyles avant de se lancer cinq ans après, en 1955, dans le monde de la musique en participant à l'émission d'amateurs à Radio Paris, dirigée par Amraoui Meyssoum. Il débuta ainsi une longue carrière d'artiste professionnel et devint l'un des pionniers de la chanson kabyle jusqu'à la fin des années 1990.Cet auteur, compositeur et interprète de la chanson kabyle, a marqué plusieurs générations à côté de grand noms de la chanson kabyle à l'image de Slimane Azem, Chikh El-Hasnaoui, Farid Ali et Cherif Kheddam. Il chantera la guerre de Libération nationale, l'immigration, la condition sociale, les valeurs de la Kabylie…, et émerveilla son public pendant plus de trente cinq ans avec des tubes qui sont restés dans la mémoire populaire. Son répertoire est composé de plus de 150 chansons, dont «Ifuk zit dil lmesbah», «Ayaghriv Yi djâne thamurt», «Adyell Rebbi Dhemmi», «Wessan n'ni», «Ttnadigh f zzher-iw», «Atajra ifirass», «Ay aqjun kec d arfiq-iw», «Awin Ihadren Essah», «A lfenn», «Yekfa nnif» et autres.... Il a été inhumé aujourd'hui dans son village natal à Tiza dans la localité de Aïn El-Hammam. A l'annonce de la disparition de Taleb Rabah, les réactions d'amis, d'artistes et même de personnalités politiques ne se sont pas fait attendre. Tous ont regretté la disparition d'une «sommité» et d'un artiste talentueux. C'est ainsi qu'Arezki Bouzidi a rappelé que l'artiste avait enregistré dans les années 1950 à Paris des chansons avec Akli Yahiatène, un autre artiste d'expression kabyle avec qui il a intégré les rangs de Fédération de France du FLN. De son côté, le chanteur Belaïd Tagrawla a évoqué la carrière «exemplaire» d'un «artiste et patriote aux grandes qualités humaines». Ancien animateur de radio à la Chaîne II de la Radio algérienne, Belaïd Tagrawla garde le souvenir d'un artiste et homme de radio «modeste» qui a su insuffler à la chanson kabyle «engagement et émotion». Il a, en outre, considéré qu'avec la disparition de Taleb Rabah la scène culturelle algérienne perdait un «monument de la chanson». Le président de la République Abdelaziz Bouteflika a adressé un message de condoléances à la famille de l'artiste Taleb Rabah, et dans lequel il a déclaré : «La scène artistique et culturelle vient de perdre un des précurseurs de la chanson algérienne. Auteur, compositeur et interprète de talent, l'artiste et militant Taleb Rabah qui a voué sa vie au service de la chanson algérienne a su gagner le respect et la considération de tous et l'estime des jeunes à travers les différentes régions du pays.» Et d'ajouter : «Le défunt a contribué à la guerre de Libération nationale en chantant la patrie, l'exil et ses souffrances et en glorifiant les sacrifices de notre peuple.» Il a estimé que «la disparition de cet artiste est une épreuve pour la famille artistique nationale». De son côté, le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a salué le parcours d'un artiste qui a côtoyé de grandes figures de la chanson d'expression kabyle. Et de dire dans un message de condoléances adressé à la famille du défunt : «Taleb Rabah a contribué à la guerre de Libération en portant un message artistique, en chantant la patrie.»