Rouiba Comment faire pour avoir de l?argent, lorsqu?on est fauché comme les blés ? Abderezzak a trouvé la solution : tendre un guet-apens et tuer? Abderezzak, 26 ans, originaire de Bouira, après avoir passé une nuit à Alger, s?est retrouvé sans le sou. Et voilà que le lendemain, le mardi 8 juin 2003, il était de nouveau bien habillé, le nez chaussé d?une belle paire de lunettes noires, tout ceci pour changer de look comme il le fait après chaque «opération», chaque guet-apens. Cette fois-ci, sa victime a été grièvement blessée par le malfaiteur qui voulait la détrousser d?une somme de 6 000 DA. Et l?enquête démarra lorsqu?un citoyen avisa la gendarmerie de la découverte d?un cadavre. Sur les lieux, les gendarmes trouvèrent un homme complètement ensanglanté, les vêtements en lambeaux, la tête défoncée. Il y avait à proximité, non loin du corps, un couteau de cuisine. La dépouille fut déposée à la morgue du CHU pour identification et autopsie. Le médecin légiste détermina des traces de 15 coups de couteau dans le dos, au thorax et à la gorge ainsi que des lésions à la tête. Au bout de quatre jours d?enquête, Abderezzak est arrêté. Devant le tribunal criminel d?Alger, le 16 septembre 2004, Abderezzak nia avoir prémédité son acte. Il n?avait nullement l?intention de tuer. Le président voulut alors réveiller la conscience du criminel en lui demandant de s?approcher. Il lui montra les différentes photos de la victime et des deux pierres ensanglantées ; elles étaient affreuses, répugnantes. Il lui montra aussi ce qu?il restait du couteau. Cela ne perturba nullement Abderezzak, qui resta de glace. Aucun regret? C?est ce qui a scandalisé le président. Le procureur amena l?athlétique assassin à donner certains détails, particulièrement sur le temps mis à charcuter l?homme. Abderezzak nia avoir brisé la lame sur le corps de la victime. «C?est donc la gendarmerie qui a brisé ce couteau ?» Le procureur général était visiblement exaspéré par le sang-froid de l?accusé.«Pour cette somme, vous avez donc tué un homme ?» Dans son réquisitoire, le procureur général requiert la perpétuité, alors que Abderezzak mérite la peine capitale. La défense essaya tant bien que mal de requalifier l?accusation d?homicide volontaire avec préméditation et guet-apens en coups et blessures ayant entraîné la mort sans l?intention de la donner. Elle évoqua même la légitime défense et demanda à la cour d?accorder des circonstances atténuantes à son client en prenant en considération son jeune âge. Après les délibérations, l?accusé est reconnu coupable de meurtre avec préméditation, de guet-apens, d?intention de tuer avec circonstances aggravantes. Il est condamné à 20 ans de réclusion criminelle.